Annette Jobert honorée pour ses travaux en sociologie du travail

Le grade de chevalier de la Légion d'honneur, une des plus hautes distinctions françaises a été remise à Annette Jobert par Jean-Denis Combrexelle, ancien Directeur général du travail au Ministère du travail et Président de la section sociale du Conseil d’État, au titre de ses travaux académiques dans le champ de la sociologie du travail et des relations professionnelles. Elle est également récompensée pour son engagement de longue date, dans le débat public, en tant qu’experte, auprès des organisations syndicales, du ministère du travail et de ses administrations. 

Des travaux sur la négociation collective récompensés

En sociologie du travail, Annette Jobert est connue pour ses travaux sur la négociation collective en France et en Europe ainsi que pour son engagement dans le débat public. En 2015, elle était ainsi membre du groupe d’experts sur le devenir de la négociation collective en France, nommé par l’ancien Premier ministre , Manuel Valls, et coordonné par Jean-Denis Combrexelle.

Annette Jobert s’est intéressée pendant de nombreuses années  à la négociation collective de branche au niveau sectoriel en travaillant étroitement aux côtés des juristes du travail. Elle a été une des premières à aborder les questions européennes sur ces dimensions en examinant la construction d’une Europe sociale et de règles sociales européennes. Ces dernières années, Annette Jobert a également beaucoup étudié le dialogue social territorial, s'intéressant ainsi tout à la fois aux régulations du travail et de l'emploi aux échelons  supranational et infranational.

De gauche à droite : Annette Jobert, Pierre-Paul Zalio, président de l'ENS Paris-Saclay et Jean-Denis Combrexelle, président de la section sociale du Conseil d’État

Parcours d’une chercheure engagée

Annette Jobert est directrice de recherche émérite au CNRS. Elle est entrée au CNRS en 1980, après huit années de recherche contractuelle au Crédoc (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de vie), au cours desquelles elle a notamment travaillé avec Jacques Delors. Jusqu’au début des années 1990, elle a œuvré au sein du Groupement de recherche (GDR) « Relations professionnelles, négociations et conflits », réunissant sociologues, économistes et juristes. Elle y a travaillé étroitement avec Jean-Daniel Reynaud, un des grands noms du champ de la sociologie des relations professionnelles.
Comme chercheure CNRS, elle a travaillé au Centre d'études de l'emploi, puis à l'Université de Nanterre, au sein du laboratoire Travail et Mobilités, avant de rejoindre l’UMR Institutions et Dynamiques Historiques de l’Economie et de la Société (IDHE.S) dont elle a été  directrice adjointe du site de Nanterre. En 2010, elle rejoint le site du laboratoire basé à Cachan au sein de l’ENS Paris-Saclay et enseigne plusieurs années au sein du département de sciences sociales de l’École.

Élodie Béthoux, maître de conférences en sociologie à l'ENS Paris-Saclay, revient sur le parcours d’une de ses plus proches collègues qui a aussi été sa directrice de thèse : « Annette Jobert a toujours porté une grande attention au travail collectif à la fois avec ses doctorants, ses collègues français et étrangers. Elle a œuvré dans plusieurs associations professionnelles internationales comme les Journées internationales de sociologie du travail ou le Réseau Sociologie du syndicalisme et des relations professionnelles au sein de l’Association internationale des sociologues de langue française. Elle a toujours collaboré avec des collègues étrangers, notamment à Montréal et en Italie où elle a également enseigné ».

Articles et publications : dialogue entre l’État, les employeurs et les syndicats

Annette Jobert a publié de nombreux articles et ouvrages sur le dialogue social et la négociation collective parmi lesquels un ouvrage principal intitulé Les espaces de la négociation collective. Branches et territoires (Octarès, 2000). Elle rappelle dans cet ouvrage les principales étapes qui ont jalonné la construction du système social en France, à travers les négociations entre l'État, les employeurs et les syndicats de salariés. Elle est l’auteur en 2004 (avec Jean Saglio) de l'article "Ré-institutionnaliser la négociation collective en France", Travail et emploi, n° 100. Elle a dirigé l'ouvrage collectif  Les nouveaux cadres du dialogue social. Europe et territoires (Bruxelles, PIE-Peter Lang, 2008), fruit d'une recherche collective pluridisciplinaire et internationale réunissant sociologues (A. Jobert, E. Béthoux et Arnaud Mias), historienne (Laure Machu), juriste (Fausta Guarriello) et politiste (Eckhard Heidling). Elle est aussi l'auteur en 2008, avec Antoine Bevort, d'un manuel de référence dans le champ de la sociologie des relations professionnelles : Sociologie du travail : les relations professionnelles (Armand Colin, 2008, réédité en 2011).

Avec Claude Didry, Annette Jobert a dirigé l'ouvrage L'entreprise en restructuration. Dynamiques institutionnelles et mobilisations collectives (Presses universitaires de Rennes, 2010), qui représente bien les différentes recherches sur le dialogue social et les restructurations industrielles conduites au sein de l'IDHE.S. Ensemble ils ont également participé à la direction de l'ouvrage Renewing Democratic Deliberation in Europe (PIE Peter Lang, 2012), issu d'un important programme de recherche européen dans lequel était engagé l'IDHE.S. Enfin, Annette Jobert a œuvré aux côtés d'Antoine Bevort, Michel Lallement et Arnaud Mias à l'édition d'un remarqué Dictionnaire du travail (PUF, 2011) pour lequel ils ont réuni quelques 140 contributions.

Annette Jobert reste pleinement engagée dans la recherche. Elle mène actuellement une étude comparative France-Québec sur les évolutions de la négociation collective et du métier de négociateur avec Camille Dupuy, maître de conférences en sociologie à l’Université de Rouen, Elodie Béthoux ainsi que Mélanie Laroche et Patrice Jalette, professeurs à l’Université de Montréal.