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Quand la biologie mène à la médecine et à la recherche médicale en infectiologie

Charlotte BOULLÉ
Charlotte BOULLÉ
Charlotte BOULLÉ est une ancienne élève du département Biologie (promotion 2007). Après son diplôme de l'ENS Paris-Saclay et une thèse "Prise en charge des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine en zone décentralisée au Cameroun", elle se tourne vers la médecine. Lauréate de la très prestigieuse bourse "INSERM-Betencourt" pour développer son projet de recherche, elle est maintenant ICCU-AH Inserm-Bettencourt dans le service des Maladies Infectieuses et Tropicales à Montpellier. Également responsable de l’axe formation de l’institutexposUM financé par le PIA4, elle poursuit ses recherches sur l’émergence de l’antibiorésistance au Sud en lien avec l’environnement et le monde animal, dans une approche One Health.

Retour sur un parcours remarquable !
Exercer une activité clinique en Maladies Infectieuses et Tropicales et des travaux de recherche n’est pas évident et relativement chronophage, d’autant plus qu’il faut concilier le soin, la recherche et également l’enseignement, mais il faut garder en tête que chacun de ces aspects nourrit les autres.Je suis très heureuse d’avoir obtenu mon poste de CCU-AH Inserm-Bettencourt qui me permet de disposer de suffisamment de temps pour me relancer dans une recherche je l’espère de haut niveau.

Quel est votre parcours ?

Je viens d’Alençon, en Normandie. Après deux ans de classe préparatoire BCPST au Lycée Henri IV, j’ai été admise à l’ENS Paris-Saclay (2007-2011). J’ai fait le Master 2 d’épidémiologie (actuellement EPIPOP - faculté de Médecine Sorbonne Université), puis le Mastère spécialisé en santé publique, spécialisation "Risque Infectieux" de l’École Pasteur/CNAM/EHESP (Pr Fontanet).
J’ai eu la chance de préparer ma thèse - soutenue en 2014 - sur la "prise en charge des personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine en zone décentralisée au Cameroun"" sous la direction du Pr Éric DELAPORTE, l’un des acteurs majeurs de la dimension One Health et des approches interdisciplinaires en santé en France

Dans le cadre du diplôme de l’ENS Paris-Saclay, nous avions une unité d'enseignement transversale de pédagogie, au cours de laquelle j’ai proposé le cours "biostatistique", un cours d’introduction aux statistiques pour la santé, qui a vu le jour avec le soutien du département de Biologie, et existe toujours actuellement
Pendant ma thèse, j’ai pu pour ce faire bénéficier d’un monitorat partagé entre la Faculté de médecine de Montpellier et le département de biologie de l’ENS Paris-Saclay.

J’ai intégré la fac de médecine de Montpellier en DFGSM3 (Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales) en 2013 par la passerelle au début de ma troisième année de thèse et continué pendant 2 ans) l’UE de biostatistiques, avant de me consacrer à la préparation des ECN (Épreuves Classantes Nationales) de l’internat. J’ai eu la chance d’être très bien classée (18/8.372) et de pouvoir choisir la toute nouvellement créée spécialité de "Maladies infectieuses et tropicales".
Je viens de terminer mon internat, après avoir soutenu ma thèse d’exercice en 2021 consacrée à une parasitose tropicale méconnue, la loase (Loa loa), et avoir soutenu mon mémoire de spécialité (DES) cette année.
 
Pendant tout mon internat j’ai été conférencière de préparation à l’internat au sein de l’université de Montpellier, pour les maladies infectieuses et la lecture critique d’article, soit une vingtaine de conférences du soir par an. J’en garde un excellent souvenir également, et maintenant je participe à l’enseignement auprès des externes, et des internes dans plusieurs diplôme universitaire (DU -Stratégies Anti infectieuses, Infectiologie extra-hospitalière et Médecine tropicale et Méditerranéenne-Santé internationale).

Quel est votre poste aujourd'hui au CHU de Montpellier ?

J’ai la chance de rester dans le service de "Maladies infectieuses et tropicales" (MIT) du CHU de Montpellier, sur un poste de CCU-AH Inserm Bettencourt. (4 financements/an, toutes spécialités et villes confondues, réservés aux titulaires d’une thèse de sciences et de médecine) ce qui me permet d’avoir du temps dédié à la recherche.
Je conserve une activité de consultation, de conseil téléphonique en stratégie anti-infectieuse et des astreintes sans avoir la gestion de l’hospitalisation ce qui me permet de me consacrer à mes activités universitaires.

Vous êtes également directrice de l'axe formation dans l'institut exposUM. Quelles sont les missions de cet institut ?

En 2021, toujours sous le mentorat du Pr DELAPORTE, j’ai coordonné la réponse de l’Université de Montpellier à l’appel à projets « Excellences sous toutes ses formes » du programme d’investissements d’avenir (PIA4) que nous avons obtenu. Cela a permis la création de l’institut exposUM (Institut de l’exposome de l’université de Montpellier), un projet dédié à l’étude des facteurs externes et environnementaux capables d’affecter la santé humaine.

ExposUM a pour mission de fédérer les forces du site montpelliérain sur 3 défis « Nourrir, soigner, protéger /  Feed Protect and Care» autour des thématiques de l’exposome (1), du One Health (2), avec un versant infectiologique certain et une ouverture vers les Suds, qui fait également partie de l’identité de l’UM.
Dans cet institut, il y a trois grands piliers : recherche, société et enseignement. J’ai la chance d’être responsable de l’axe formation. Cet axe vise à promouvoir la transdisciplinarité (donc pas exclusivement médecine sciences), principalement au niveau doctoral, au sein de l’université de Montpellier afin d’améliorer la formation tournée vers la santé humaine en rapport avec l’environnement au sens large.

Vous poursuivez aussi vos travaux de recherche ? Quel en est le sujet ?

Le sujet principal de mes travaux de recherche est l’émergence de l’antibiorésistance au Sud, en lien avec l’environnement et le monde animal, dans une approche One Health. Il m'a permis d'obtenir es bourses de la SPILF (3) et de la Société Française de Microbiologie (SFM) et mon poste au CCU-AH Inserm Bettencourt.

Je m’intéresse également aux infections virales émergentes, et aux maladies tropicales négligées, toujours avec une orientation à l’interface, et à l’interface des Suds.

(1) L'exposome (Wild, 2005) est un concept correspondant à la totalité des expositions à des facteurs environnementaux que subit un organisme humain de sa conception à sa fin de vie, complétant l'effet du génome.

(2) One Health : L’initiative One Health est un mouvement créé au début des années 2000 qui promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire. Elle vise notamment à mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique.

(3) SPILF : la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française est la société savante de Maladies Infectieuses Française, c’est une association loi 1901 regroupant les professionnels de la santé intéressés par les maladies infectieuses et tropicales.