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farid.toubal [at] ens-cachan.fr (Farid Toubal)

Nouveau livre : "La polarisation de l’emploi"

Après plusieurs années de recherche, Farid TOUBAL, professeur d'économie à l'ENS Paris-Saclay et chercheur au Centre de Recherche en Économie et Statistique (CREST), et Ariell RESHEF, directeur de recherche au CNRS en économie (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), publient leurs résultats sur la polarisation de l'emploi en France et l’effondrement des professions intermédiaires.

Farid TOUBAL et Ariell RESHEF travaillent ensemble sur les questions de changements structurel et technologique et de mondialisation en France.

Farid TOUBAL est professeur de sciences économiques à l'École normale supérieure de Paris-Saclay, conseiller scientifique au CEPII et membre du Conseil d’analyse économique. Ses recherches concernent l’impact de la mondialisation sur les marchés du travail et les activités des firmes multinationales, l’évolution technologique, le commerce et la migration. Il est rattaché au Centre de Recherche en Économie et Statistique (CREST), le laboratoire pluridisciplinaire qui organise ses recherches autour de quatre grandes disciplines : économie, statistiques, finance-assurance et sociologie.
Consultez la liste de ses ouvrages.

Ariell RESHEF est directeur de recherche au CNRS en économie (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et associé à l'École d'économie de Paris. Il est également conseiller scientifique au CEPII. Il étudie les facteurs de changement dans la répartition des revenus : évolution technologique, mondialisation et déréglementation des marchés financiers.
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L’évolution de l’emploi en France

La structure de l’emploi en France a profondément évolué au cours de la période 1994-2013, notamment du fait de la polarisation de l'emploi : la part de l’emploi des professions rémunérées à un niveau intermédiaire a diminué, tandis que la part de l’emploi des professionnels et des cadres à hauts salaires, de même que les emplois dans la vente au détail et les services à la personne ont augmenté. En d’autres termes, les emplois de la classe moyenne ont disparu et se sont raréfiés, tandis que les emplois des classes supérieures et inférieures prenaient leur place. Ceci est une force importante qui a tendance à accroître les inégalités de salaires et entraîne des tensions économiques et sociales.  
Ces évolutions ont eu lieu malgré d’autres forces et des politiques publiques mises en place pour contrepoids ces tendances et malgré le sentiment de stagnation dans certaines parties de la société. La mondialisation et l’évolution technologique, en constante approfondissement en France, qu’ont redessiné la composition de l’emploi en modifiant la demande de travailleurs.
Le rythme de la polarisation des emplois en France est plus rapide que dans d’autres pays développés tels que les États-Unis et le  Royaume-Uni; il a même été accéléré par la crise depuis 2008.

Quelles politiques d’ajustement possibles ?

Le changement a eu lieu et les forces du changement continuent de frapper à nos portes. Quelles réponses politiques sont nécessaires pour assurer une transition en douceur et minimiser les coûts pour ceux qui les supportent à l’avenir ? Afin de répondre à ces questions, il faut prendre en compte certaines caractéristiques saillantes.

  • La polarisation est particulièrement importante dans le secteur non-manufacturier, qui représente désormais plus de 81 % des emplois du secteur privé, là l’effet direct de la mondialisation est moins important, même s’il est toujours présent.
  • La polarisation est omniprésente : elle se produit pour l’essentiel (à 80%) au sein de chaque secteur et de chaque département français, plutôt que par une recomposition du tissu économique et régional. En parallèle, les changements globaux s’expliquent principalement – également à peu près de l’ordre de 80 % – par des transferts d’emploi entre entreprises plutôt que par des modifications de la structure de l’emploi au sein des entreprises. Ceci est lié à de la concentration extrême de l’emploi dans un nombre relativement faible d’entreprises, ce qui est manifeste dans l’ensemble des secteurs et des départements.
  • Et la hausse de l'emploi féminin explique la croissance de certaines professions bien rémunérées.

L’enjeu du système éducatif et de la formation professionnelle

Les politiques d’ajustement devraient viser à amener le marché du travail et l’économie en général à réagir plus efficacement aux changements structurels.
Cela peut être fait à la fois indirectement, en améliorant l’efficacité et l’équité du système éducatif initial, mais aussi directement, en développant des programmes de formation et de reconversion ciblés. La formation professionnelle tout au long de la vie est ce qui permet aux individus de prévenir l’obsolescence des compétences, le déclassement et le chômage.
Les politiques de l’emploi qui ciblent les secteurs d’activité ou les départements doivent prendre en compte leurs effets sur certaines grandes entreprises. Les subventions générales risquent par exemple d’exacerber la polarisation des emplois car les entreprises qui favorisent cette dernière peuvent être les mieux à même de tirer profit de ces politiques.

Le défi pour la France est de trouver les moyens de tirer le meilleur parti de l’évolution technologique et de la mondialisation, et de veiller à ce que les fruits en soient partagés d’une juste manière entre tous.

La polarisation de l'emploi en France. Ce qui s'est aggravé depuis la crise de 2008

Collection du CEPREMAP n°50 - 2019
Editeur : Rue d'Ulm
Format : 14 x 18 cm - 96 pages
ISBN-978-2-7288-0624-9
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