Aurélie Jean, la passion du numérique
Un parcours brillant et audacieux
À 37 ans, Aurélie Jean est une scientifique numéricienne - traduction en français de "computational scientist" - qui a déjà tracé sa route.
Elle débute ses études en licence de physique et mécanique à Sorbonne Université (ex UPMC). C’est à l’ENS Paris-Saclay, en master de mécanique, qu’elle découvre les sciences numériques avant de rejoindre l’École nationale supérieure des mines de Paris.
Elle soutiendra sa thèse en 2009 en sciences et génie des matériaux (Etude d'un élastomère chargé, de sa nanostructure à son macro-comportement) et s’élancera rapidement vers les Etats-Unis pour sa recherche postdoctorale à l’Université d’État de Pennsylvanie et au MIT.
« J’y ai découvert les sciences numériques appliquées à la médecine », explique-t-elle, « puis à l’économie, à la finance et au journalisme (Bloomberg).
Entrepreneure, elle fonde à New-York sa propre entreprise, In Silico Veritas dont elle est chief executive officer (CEO) depuis 2018. Elle propose du conseil en stratégie analytique et algorithmique, du développement entrepreneurial, de la recherche, de l’enseignement et des contributions éditoriales.
Des valeurs et un temps d’avance
Spécialiste des algorithmes, Aurélie Jean milite pour l'arrivée des femmes dans la technologie et pour que le "code" permette un meilleur avenir à notre monde d'aujourd'hui.
« Tout le monde devrait être capable de coder ou avoir au moins codé une fois dans sa vie, c’est fondamental pour garantir notre libre arbitre », explique-t-elle dans le Télégramme de Brest.
Ses derniers ouvrages
Mai 2020 : "L'apprentissage fait la force"
Dans son dernier ouvrage L’apprentissage fait la force (Collection Et après ? N.8), paru au mois de mai 2020 en plein confinement, Aurélie Jean nous appelle à enrichir notre culture scientifique pour penser l’après-crise de manière éclairée.
Pour forger notre esprit critique, elle invite chacun à avoir une confiance raisonnée dans les chercheurs, ne pas se précipiter sur la première étude scientifique qui paraît mais à réfléchir, prendre le temps et le recul nécessaires pour évaluer la situation.
« Il faut sortir du syndrome de la blouse blanche, ça n’est pas parce qu’on a un statut de scientifique que l’on a raison sur tout ». « Notre esprit critique est menacé à cause de notre isolement et de notre situation d’anxiété permanente, même légère, qui nous pousse à croire à des solutions simples pour résoudre un problème pourtant complexe et multidimensionnel » écrit-elle dans son livre.
Aurélie Jean rappelle également qu’il serait bon que les dirigeants politiques s’entourent de scientifiques et les consultent régulièrement et pas seulement en temps de crise. Elle nous invite tous à garder « l’esprit ouvert ».
« Notre solidarité et notre engagement post-confinement seront déterminants », confie-t-elle au Figaro.
L’apprentissage fait la force (Collection Et après ? N.8)
Résumé : Témoins et acteurs du plus beau comme du plus sombre, nous apprenons tous de ce confinement social et économique. Nos décideurs tentent d’adapter leur discours face à une situation incertaine ; l’hôpital fait l’expérience de ses nombreux dysfonctionnements les professeurs élaborent de nouvelles pédagogies. Pour penser cet « après », qui n’est encore qu’un horizon inconnu, Aurélie Jean nous appelle à enrichir notre culture scientifique ; celle-ci, reposant sur l’observation, l’expérimentation et le raisonnement logique se montre essentielle pour forger notre esprit critique et pour nous engager dans l’après-crise de manière éclairée.
Novembre 2019 : "De l’autre côté de la machine"
Voyage d’une scientifique au pays des algorithmes
Dans son livre personnel et engagé "De l’autre côté de la machine – Voyage d’une scientifique au pays des algorithmes" (Éditions de l’Observatoire - 2019), elle rappelle que la compréhension des algorithmes est une nécessité pour maîtriser le monde dans lequel on vit aujourd’hui, fait de virtuel et de réel. « Nous interagissons de plus en plus au quotidien (parfois sans le réaliser) avec des algorithmes embarqués dans des outils numériques. Ils nous aident à communiquer, à se déplacer, à se soigner, ou tout simplement à travailler. En comprenant les outils, nous pouvons décider ou pas d’utiliser des outils selon la qualité du service rendu, le respect des données, ou tout simplement notre humeur. »
Résumé : Qui sont ces « algorithmes » qui bouleversent notre quotidien ? Que se trouve-t-il de l’autre côté de l’iceberg mathématique ? « Algorithmes » : voilà un mot décrié, que beaucoup pensent comprendre, mais que peu savent manier. Il fallait bien une spécialiste du code et des équations pour nous guider à travers ce véritable voyage en terre inconnue de modélisation numérique.
Pour l’éminente scientifique et entrepreneure Aurélie Jean, pourtant, rien de plus simple, de plus lisible qu’une ligne de code : la promesse de comprendre, par la virtualisation des phénomènes, la vie elle-même ; l’ensemble des phénomènes physiques, économiques ou sociétaux – de tout système, vivant ou inerte. Écrire un algorithme, c’est dessiner un chemin de résolution pour un problème donné, un moyen précis et fiable d’accéder à la réponse recherchée.
Plonger dans le virtuel pour comprendre le réel : si la démarche semble paradoxale, c’est pour la chercheuse la méthode unique pour maîtriser notre monde, aux nombreux enjeux aujourd’hui encore insaisissables. Et c’est précisément ce moyen, cette machine algorithmique, qui sépare et relie à la fois ces deux univers, réel et virtuel. En comprendre le fonctionnement, c’est comprendre ce qui réconcilie ces deux mondes.