Christelle Combescure - Crédits illustration : Jérôme Foubert

Christelle Combescure

Maître de Conférences
Dans ma discipline, la Mécanique, et encore plus dans le milieu dans lequel j’évolue au Ministère des Armées, le caractère joue beaucoup. Je ne pense pas qu’il y ait forcément un problème de genre, c’est plutôt un modèle unique de fonctionnement qu’il faut réinterroger. Un modèle où les carrières doivent être linéaires avec des jalons posés dans le temps et où les collègues doivent avoir une certaine attitude. C’est la diversité qui fait la créativité, que l’on parle de caractère, de genre, de discipline, de parcours ou de nationalité !

Activités

Je suis Maître de Conférences à l’Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (AMSCC) ce qui veut dire que j’enseigne la mécanique aux élèves-officiers de l’Armée de Terre qui suivent un cursus ingénieur et que j’effectue, par ailleurs, des travaux de recherche. J’ai commencé ma carrière à l’Université Gustave Eiffel et, au bout de trois ans, j’ai demandé à être détachée au Ministère des Armées pour faire le même métier mais à l’AMSCC, en Bretagne.

Depuis un an, je suis directrice du pôle de recherche en sciences de l’ingénieur du centre de recherche de l’AMSCC, le CReC. Ce centre de recherche est l’unique centre de recherche de l’Armée de Terre et regroupe des enseignants-chercheurs de plusieurs disciplines en sciences de l’ingénieur comme en sciences humaines et sociales. C’est un environnement de travail très enrichissant mais nous n’avons pas la masse critique pour effectuer des recherches de pointe dans chacun de nos domaines.
Je suis donc également chercheuse associée à l’Institut de Recherche Dupuy de Lôme à Lorient, un laboratoire dédié à la mécanique et regroupant une centaine d’enseignants-chercheurs. Je mène ma recherche en collaboration avec des collègues de ce laboratoire mais également d’autres laboratoires en France comme le LMPS (Paris Saclay) ou à l’international comme à l’Université du Minnesota ou à Cornell.

Ma spécialité est l’étude des phénomènes d’instabilités et les matériaux architecturés. J’essaye de mettre en équation leur comportement pour pouvoir mieux le comprendre et le prédire. Nous travaillons souvent en équipe de chercheurs où chacun, avec sa spécialité, apporte des connaissances et des compétences précieuses à la question de recherche que nous nous posons. Le travail d’équipe se retrouve également du côté enseignement. En effet, à l’Université et dans les Écoles d’Ingénieur, il n’y a pas de programme national donc ce sont les enseignants-chercheurs et les professeurs agrégés qui construisent la formation en fonction des objectifs pédagogiques et du futur métier des élèves.

Il est toujours très enrichissant de partager les avis et les savoirs au sein d’une équipe pédagogique ou de recherche. Mais pour s’assurer d’aller dans la bonne direction, il est nécessaire d’avoir une pluralité des points de vues. C’est ce que permettent des recrutements mixtes, internationaux et mélangeant les horizons. C’est la diversité qui fait la créativité, que l’on parle de caractère, de genre, de discipline, de parcours ou de nationalité !

Votre vécu en tant que femme 

En tant que femme dans une discipline où nous sommes minoritaires : il faut apprendre à dire « Non ».
En tant que jeune chercheuse, je suis sollicitée pour participer à des jurys, des comités et des conférences plus fréquemment que des collègues masculins plus âgés. Je me suis récemment retrouvée dans un jury de thèse où les membres du jury m’ont laissé entendre que je n’étais pas là pour mes compétences. Plus jamais ça !

Lorsque l’on démarre sa carrière d’enseignant-chercheur, les sollicitations sont multiples et il est normal de se sentir dépassé. Il faut relire des articles pour l’évaluation par les pairs, participer à des jurys de thèse, des comités de sélection, présenter ses travaux en conférence, répondre à des appels à projets… Pour une femme, dans des disciplines comme la mécanique où nous sommes minoritaires, les sollicitations sont plus nombreuses à cause notamment des quotas de parité qui ont été instaurés récemment. Avec mon enthousiasme et mon envie de bien faire, j’ai accepté toutes les sollicitations que je recevais, si bien que je me suis souvent retrouvée avec des mois entiers remplis de réunions, de jurys et de comités en tout genre au détriment de ma recherche. En discutant avec mes collègues je me suis rendu compte du décalage entre mes sollicitations et celles de mes collègues masculins. Puis, récemment, j’ai été invitée à participer à un jury de thèse pendant lequel il est apparu clair que ma présence était du fait de quota... Cette expérience, aussi désagréable soit-elle, m’a appris à dire « non ». J’ai aussi le droit d’avoir du temps pour faire de la recherche plutôt que de courir à travers la France pour satisfaire un quota… et à ma grande surprise les collègues dont je refuse l’invitation le prennent très bien : quel soulagement !

Parcours

  • 2007-2010 Département Génie Civil – ENS Cachan
  • 2010-2013 Doctorat en Génie Civil – UPMC et EDF R&D
  • 2013-2015 Post-doctorat en Mécanique – University of Minnesota (USA) et École Polytechnique
  • 2015-2017 Ingénieure-Chercheur à Safran Tech
  • 2017-2020 Maître de Conférences en Mécanique et Génie Civil – Université Paris-Est Marne la Vallée
  • Depuis 2020 Maître de Conférences détachée au Ministère des Armées – Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan

Faits et chiffres

  • Depuis 2022 Directrice du pôle de recherche en Sciences de l’Ingénieur pour l’Armée de Terre du Centre de Recherche de Saint-Cyr Coëtquidan
  • 2 années au Comité National du CNRS section 9
  • 4 participations à des projets ANR
  • 9 encadrements de thèses finies ou en cours
  • 14 publications de niveau international
  • 21 conférences internationales
  • 18 mois dans des universités américaines
  • 2009 Secrétaire de la Nuit aNormale et chef SeKsi

Crédits illustration : Jérôme Foubert