Crédits photo : Aliaume Lopez in CeNT Warsaw © 2024 by Omid Yaghoubi is licensed under CC BY-SA 4.0.

Aliaume Lopez (informatique)

Prix Ackermann 2024
Je tiens à souligner que l’enseignement et la recherche académique ne sont pas les seuls débouchés possibles ou souhaitables pour les élèves d'une ENS, loin de là. Le secteur public hors académique, même hors concours, est une voie tout à fait naturelle qui reste dans la continuité de l’engagement pour l’intérêt général qui, à mon sens, fait partie des valeurs des ENS.

Aliaume Lopez est entré à l’ENS Paris-Saclay sur concours. Il a suivi dès son entrée un cursus à l’interface entre l’informatique et les mathématiques, dans un premier temps avec une double licence en mathématiques et informatique, puis un master de mathématique. Il a passé l’agrégation de mathématiques (option informatique, qui n’existe plus aujourd’hui), puis il a terminé son cursus à l’ENS Paris-Saclay en suivant le master MPRI (Master Parisien de Recherche en Informatique), un master de recherche en informatique fondamentale et cryptographie reconnu en France et à l’international.
Par la suite, il réalise une thèse en informatique théorique en co-supervision entre l’ENS Paris-Saclay et l’Université Paris Cité. Pendant sa thèse, il a réalisé une année de césure pour travailler comme développeur fullstack à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), dans le cadre de son programme "Entrepreneurs d’Intérêt Général (EIG)" porté par la Direction interministérielle du numérique (DINUM).

« Je n’avais pas de projet professionnel précis en entrant à l’ENS Paris-Saclay, mais j’avais déjà conscience de mon envie de contribuer au service public et à l’intérêt général, ce qui a guidé mes choix d’intégration. Par ailleurs, je savais qu’intégrer l’ENS Paris-Saclay me permettrait d’accéder à une formation d’excellence en mathématiques et informatique, deux domaines qui m’intéressaient déjà beaucoup. Cependant, c’est réellement en L3 que j’ai découvert la recherche en informatique théorique, et au fil de mes stages (L3, M1, M2) que j’ai commencé à envisager un projet professionnel dans ce domaine. Je tiens à souligner que l’enseignement et la recherche ne sont pas les seuls débouchés possibles ou souhaitables pour les élèves d'une ENS, loin de là.»

De sa formation à l’ENS Paris-Saclay, Aliaume Lopez retient, au delà de la formation académique, lune rigueur de travail, une humilité et une ouverture d’esprit.
« En sus d’une formation en informatique et mathématique de très haut niveau et toujours en forte connexion avec la recherche académique, l’ENS Paris-Saclay m’a permis de bénéficier d’un environnement de travail exceptionnel, avec des professeurs de qualité, des promotions fantastiques, et un accès privilégié au monde de la recherche (stages, séminaires, conférences). Mais au delà de la formation académique, l’ENS Paris-Saclay donne également une rigueur de travail, une humilité et une ouverture d’esprit qui sont des qualités essentielles, qui sont autant de qualités difficiles à quantifier, mais qui distinguent les normaliens aussi bien en recherche que dans le monde professionnel. On peut avoir une formation à l’ENS Paris-Saclay en dehors de l’enseignement ou la recherche académique ; le secteur public hors académique (même hors concours) est une voie tout à fait naturelle et qui reste dans la continuité de l’engagement pour l’intérêt général qui à mon sens fait partie des valeurs de l’ENS Paris-Saclay.»

Une recherche vers le domaine des modèles finis et l’étude des théorèmes de préservation

Ses axes de recherche portent dans le domaine de l’informatique théorique, c’est-à-dire à la frontière entre mathématique et informatique dite “pratique”.
« Dans ce domaine relativement vaste, je me suis intéressé plus précisément aux liens entre la théorie des modèles finis et la vérification de systèmes infinis, deux domaines très abstraits, mais qui ont des applications concrètes en informatique : d’une part la théorie des modèles finis est un outil puissant pour comprendre les bases de données, le cœur battant des outils numériques qui rythment nos vies modernes (moteurs de recherche, réseaux sociaux, intelligence artificielle, etc.) ; D’autre part la vérification de systèmes, ou plus généralement ce que l’on peut nommer les méthodes formelles est un champ de recherche qui vise à développer des outils pour garantir la fiabilité des systèmes informatiques (trains, lignes automatisées de métro, etc.).
Un point d’intersection de ces deux domaines est une collection de théorèmes dits de préservation, et c’est sur ces théorèmes que j’ai travaillé durant ma thèse, d’où le titre baroque “Théorèmes de préservation du premier ordre en théorie des modèles finis : localité, topologie et constructions limites”, qui résume assez bien mes travaux faisant le pont entre la logique (informatique) et la topologie (mathématique).
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Lauréat du Prix Ackermann en 2024.

« Recevoir le prix Ackermann 2024 est pour moi très important car c’est une reconnaissance de mon travail et de mes compétences, mais aussi de l’intérêt porté par la communauté scientifique à des domaines très théoriques qui sont moins en vogue que, par exemple, l’apprentissage automatique ou l’informatique quantique. Le fait que mon co-lauréat, Gaëtan Douéneau-Tabot, soit également un camarade de promotion est pour moi une fierté supplémentaire, illustrant s’il le fallait la qualité de la formation dispensée à l’ENS Paris-Saclay.
Ce prix est aussi une occasion pour saluer de nouveau mes deux directeurs de thèse Jean-Goubault Larrecq et Sylvain Schmitz, qui, et je m’en rends compte un peu plus chaque jour, on été des guides exceptionnels tant sur le plan humain que scientifique. Je tiens aussi à remercier Gaëtan, mon co-lauréat, pour sa collaboration et son amitié, qui m’ont ouvert de nouveaux horizons et fait découvrir des domaines de recherche passionnants en théorie des automates.
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Crédits photo : Aliaume Lopez in CeNT Warsaw © 2024 by Omid Yaghoubi is licensed under CC BY-SA 4.0.