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Just Do Maths ! Les mathématiciennes contre les stéréotypes

Affiche de l'exposition Just do Maths !
"Just Do Maths !" est une exposition de portraits de mathématiciennes de l’Université Paris-Saclay, qui voyagera en 2024 et 2025 sur différents établissements de Paris-Saclay. Laure Quivy, enseignante au département de mathématiques de l'ENS Paris-Saclay et chercheuse au Centre Borelli (ENS Paris-Saclay - CNRS), spécialisée en analyse numérique et calcul scientifique, figure parmi ces portraits de femmes scientifiques.
Rendez-vous du 21 mai au 13 juin 2024 dans l'Atrium Germaine Tillion de l'ENS Paris-Saclay.
LUMEN (bibliothèque)
Ajouter à mon agenda 2024-12-21 15:53:48 2024-12-21 15:53:48 Just Do Maths ! Les mathématiciennes contre les stéréotypes "Just Do Maths !" est une exposition de portraits de mathématiciennes de l’Université Paris-Saclay, qui voyagera en 2024 et 2025 sur différents établissements de Paris-Saclay. Laure Quivy, enseignante au département de mathématiques de l'ENS Paris-Saclay et chercheuse au Centre Borelli (ENS Paris-Saclay - CNRS), spécialisée en analyse numérique et calcul scientifique, figure parmi ces portraits de femmes scientifiques.
Rendez-vous du 21 mai au 13 juin 2024 dans l'Atrium Germaine Tillion de l'ENS Paris-Saclay.
Atrium Germaine Tillion de l'ENS Paris-Saclay ENS-PARIS-SACLAY webmaster@ens-paris-saclay.fr Europe/Paris public
INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition gratuite et en accès libre
du 21 mai au 13 juin 2024
Atrium Germaine Tillion de l'ENS Paris-Saclay

L'exposition

"Just Do Maths !" met à l'honneur des mathématiciennes à travers des portraits scientifiques détaillant leur recherche et leur parcours professionnel d'une part, et via une exposition photo mettant en évidence leurs engagements et leur expérience en tant que femmes en mathématiques d'autre part.

La Graduate School de Mathématiques, à l'initiative de ce projet, souhaite :

  • sensibiliser à la question des inégalités de genre
  • casser les stéréotypes souvent répandus en sciences - et notamment en mathématiques
  • encourager les étudiantes à poursuivre leurs études en sciences

Laure Quivy


  Crédits photo : Christophe Peus

Son parcours

Après un baccalauréat scientifique, Laure Quivy fait une licence à l’Université de Bretagne puis sa maitrise à l’Université Paris-Sud (aujourd’hui Université Paris-Saclay) en 1985 puis  un DEA (équivalent d’un master 2 recherche) d'analyse numérique, un cursus innovant à l'époque.
Elle réalise sa thèse en milieu industriel en partenariat avec le département recherche et développement d’EDF. Le sujet de sa thèse porte sur l'étude de la ferro-résonance, un phénomène complexe affectant les circuits électriques.

Sur le plan mathématique, elle explore les systèmes dynamiques non linéaires, en utilisant la théorie des bifurcations, souvent associée à la théorie du chaos en vogue à cette époque. Elle l'a soutenue en 1991, fournit des résultats numériques innovants sur les systèmes dynamiques en question et offre également des éclairages théoriques sur les équations aux dérivées partielles qui sous-tendent ces modèles.

Elle met notamment en évidence l'existence d'attracteurs maximaux, garantissant l’existence d’un ensemble d’états vers lequel les solutions évoluent. « Contrairement à certaines idées reçues dans l'industrie, nous sommes parvenus à la conclusion que ces systèmes ne sont pas purement chaotiques. Leurs comportements peuvent être prédits et, par conséquent, maîtrisés. » Ces travaux fournissent des solutions concrètes pour éviter les surtensions sur les lignes électriques et renforcer leur fiabilité.

Après sa thèse, Laure Quivy intègre l'Université de Villetaneuse (aujourd’hui Sorbonne Paris Nord) en tant qu'attachée temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) puis la fonction de maîtresse de conférences à l'IUT de Bobigny, lié à cette même université. Laure Quivy participera en 2000 à la création d’une formation en alternance. « Pour moi, la transmission du savoir est primordiale. Et dans un contexte où une majorité d'étudiantes et étudiants provient de milieux peu aisés, l'alternance s'imposait comme une solution idéale, permettant d'allier théorie et pratique professionnelle rémunérée. »

En raison de la proximité de l'IUT de Bobigny avec la Faculté de médecine, de multiples échanges mettent en lumière, en 2010, le fait que de nombreux étudiants abandonnent leurs études au cours de leur première année de médecine. La création d’un nouveau département au sein de l'IUT est alors décidée et Laure Quivy prend en charge une nouvelle formation en génie biologique. Calibrée pour démarrer en février, elle offre une transition professionnalisante sans perte d'année, pour former des techniciennes et techniciens dans cette discipline.

En 2011, Laure Quivy rejoint le département d’enseignement et de recherche de mathématiques de l’ENS Paris-Saclay et le Centre Borelli. Elle y dispense des cours, poursuit ses travaux de recherche et prend rapidement des responsabilités administratives. Elle se voit confier la charge de la licence 3 en mathématiques de l’ENS Paris-Saclay, avant de devenir directrice-adjointe du département d'enseignement et de recherche (DER) de mathématiques de l’École.

Depuis septembre 2023, elle en est la directrice du DER de maths. Consciente des biais inhérents au système de concours, elle milite pour une ouverture à des profils plus variés, notamment en recrutant des normaliens étudiants hors concours. Cette démarche vise également à encourager la participation féminine, encore sous-représentée dans ce domaine.
« II est essentiel de donner sa chance à ces jeunes femmes talentueuses, capables de devenir d'excellentes chercheuses si on leur en offre l'opportunité. Je suis très heureuse car cette année, sur les huit places de normaliens étudiants et normaliennes étudiantes à pourvoir, quatre d’entre elles les ont obtenues. Alors que via le concours nous en avons recrutées moins de 10 %. »

Ses travaux

Les contributions scientifiques de Laure Quivy en matière d'analyse numérique et de calcul scientifique sont variées.

Son axe principal de recherche est la conception théorique et pratique de schémas numériques destinés à trouver des solutions approchées aux équations aux dérivées partielles non linéaires, souvent utilisées en physique. Au cours de sa carrière, elle se penche d'abord sur la minimisation de la fonctionnelle d'énergie relaxée dans l’étude du comportement des cristaux liquides, explorant en particulier l'influence des champs magnétiques sur leur énergie d'équilibre. Elle se tourne ensuite vers l'analyse et le développement de schémas de type volumes finis destinés à simuler des écoulements complexes, tels que les interactions eau-vapeur au sein des centrales nucléaires ou les circulations d'air autour d’ailes d'avions. Ces études ont des implications directes, allant de l'optimisation de la forme aérodynamique des avions à l'amélioration de la circulation de l’eau et de la vapeur dans les installations nucléaires. Puis, Laure Quivy s’intéresse au suivi d'interface, en particulier dans les modèles de traitement du vide.
En collaboration avec le CEA et des membres de son laboratoire, elle réalise des études pour le compte d’industries civiles et militaires. Ces recherches mettent en lumière les défis posés par les phénomènes transitoires du vide, apparaissant suite à des chocs. « Les schémas numériques industriels classiques ne savent pas gérer cette discontinuité, alors nous avons effectué des modélisations pour en élaborer des plus adéquats, que les industriels adoptent par la suite pour gérer ces phénomènes complexes. »

Dès le début de sa carrière, Laure Quivy s'interroge si les phénomènes complexes sont-ils intrinsèquement déterministes ou aléatoires ? « Même si je n'ai jamais intégré d'aléatoire dans mes modèles et que j'ai une inclination vers le déterminisme, j’ai beaucoup de curiosité pour les travaux de mes collègues probabilistes ! » Selon Laure Quivy, invoquer l'aléatoire serait souvent une façon de masquer des lacunes explicatives. Elle prend pour exemple le réchauffement climatique : longtemps jugé peu prévisible, il traduirait plutôt, selon elle, le manque d'outils pour l'appréhender. « Néanmoins, je reconnais la beauté et l'importance du hasard dans la vie. Si tout était prévisible, où serait le charme de ces rencontres inattendues, qu'elles soient amicales ou amoureuses ? »

Ce portrait a été réalisé d'après l'article original sur le site de l'Université Paris-Saclay.