Charlie Jacomme
Prix et distinctions
2021 :
- Prix de thèse prix de thèse du GDR Sécurité Informatique 2021
- accessit du prix de thèse Gilles Kahn 2021
Parcours
J’ai été étudiant à l’ENS Paris-Saclay (ex ENS Cachan) pour ma licence et mon master, période pendant laquelle j’ai eu la chance d’avoir pour enseignant Hubert Comon, avec qui j’ai pu continuer en thèse dans le cadre d’un collaboration avec le LORIA à Nancy via Steve Kremer.
Outre la richesse et la qualité des enseignements de l’ENS Paris-Saclay qui m’a évidemment aidé pour ma thèse, les capacités que j’ai pu développer via mon implication dans la vie associative et étudiante de l’École ont joué un grand rôle. Celle-ci était en effet à l’époque fortement émancipatrice et j’ai pu apprendre à prendre des initiatives, travailler avec des personnes, mener à bien des projets, et peut-être plus que tout, faire des essais, des erreurs, puis recommencer. Savoir se tromper étant bien sûr l’une des qualités essentielles pour faire de la recherche.
Interview
Votre thèse porte sur les protocoles de sécurité. Pouvez-vous en 180 mots nous en dire plus ?
Les protocoles sont, en gros, les programmes informatiques qui sont exécutés tout le temps, dès que notre téléphone ou notre ordinateur se connectent à Internet.
Ces protocoles sont censés garantir la confidentialité des échanges (ne pas se faire usurper son code de carte bleu lors d'achats en ligne) ou encore fournir des garanties sur la vie privée (éviter des choses dramatiques telles que la traque des Ouighurs en Chine via leur smartphone).
Le problème est qu'il est difficile, en pratique, de savoir si les protocoles fournissent ou non de telles garanties. Mon travail de thèse fut de fournir des preuves mathématiques que les protocoles fournissent de telles garanties.
J’ai notamment développé un programme, le Squirrel Prover, qui permet d'obtenir de telle preuve et des garanties formelles sur les protocoles. Après, ce n’est pas magique bien sûr, nos preuves se font dans des modèles du réel et on doit toujours avoir en tête ces limites et essayer d’améliorer les modèles.
Quel a été la contribution du laboratoire LMF ?
Le laboratoire Méthodes formelles (LMF) a été un excellent environnement pour moi, à la fois d’un point de vue humain et scientifique. Il y a une vraie convivialité, chose qui me semble essentielle.
Je me souviens typiquement du coin de la pause café, où j’ai eu l’opportunité d’avoir des discussions scientifiques variées avec la plupart des membres du labo, et typiquement sur de thèmes qui n’avait rien à voir avec ma recherche. Cela permet d’alimenter fortement la part de créativité nécessaire à la recherche, et je suis très heureux d’en avoir fait l’expérience.
Qu'est-ce que ce prix représente pour vous ?
Ça me fait bien sûr plaisir de voir que ma thèse est appréciée par la communauté informatique.
Cela étant dit, évaluer et classer des thèses est un exercice extrêmement compliqué, voir impossible. Il est certain que toute les candidats avaient écrit des thèses de qualités et le jury a du faire des choix certainement très compliqués pour désigner les lauréats. De manière générale, on ne peut pas mettre une note à un travail scientifique, tout simplement car on ne peut pas utiliser d’indicateur ou d’outils de mesure pour en définir la qualité.
Recevoir ce prix peut être donc vu comme certifiant la qualité de ma thèse, mais le fait que je sois un des quatre lauréats semble tout autant lié à une grande part de chance qu’à une quelconque notion de mérite, et c’est important de garder cela en tête.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je prévois de candidater au CNRS ainsi qu’à des postes de maître de conférence. Je veux rester dans la recherche publique mais il y a de moins en moins de postes, donc si je ne trouve pas, je me tournerais vers l’enseignement avec mon poste d’agrégé.
Prix de thèse Gilles Kahn
Le prix de la Société informatique de France (SIF) a été créé en 1998 pour récompenser chaque année une excellente thèse en informatique. Gilles Kahn a présidé les trois premiers jurys du prix. En son honneur, le prix a pris depuis 2007 son nom.
Cette récompense est patronnée par l’Académie des Sciences, qui rend ainsi hommage à Gilles Kahn, un de ses membres éminents.