Quentin ROUGEON (Biologie)

Parcours Engagement Normalien (ASPEN) en 2025
On dit souvent que l’un des nobles objectifs de la recherche est de repousser les frontières dela connaissance. Dépasser les miennes pour rencontrer celles des autres, c’est à cela que j’aspireen partant documenter l’agriculture au Bénin.

En 2025-2026, Quentin ROUGEON, normalien, est en 3ème année au Département d’enseignement et de recherche (DER) en Biologie de l’ENS Paris-Saclay. En 2025, il a choisi de suivre l'année spécifique ASPEN, une année d’engagement pour une agricukture plus durable.

S’engager pour une agriculture plus durable

Ma formation et mes expériences d’enseignement ont confirmé mon attrait pour la transmission des connaissances. Mon stage en recherche appliquée à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), sur les pertes d’azote dans les agrosystèmes, m’a montré que le croisement des disciplines et des points de vue était nécessaire pour répondre aux enjeux agricoles actuels.
Ainsi, dans le cadre de mon projet d’engagement normalien, je vais mener une enquête de terrain au Bénin sur l’agriculture, soutenue par l’association de reporters étudiant·es "Paroles de Paysans".
En stage dans une association locale, le Groupe de recherche  et d’action pour le bien-être au Bénin (GRABE-Bénin), je prendrai part aux activités agricoles et à des classes environnementales. Je serai accompagné par une amie étudiante à
AgroParisTech, Hélène LORANT, qui travaillera au Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE-Bénin).

Nous souhaitons ensemble diffuser les récits rencontrés dans un podcast qui sera, nous l’espérons, source de réflexions sur les enjeux agricoles de demain.

Du plateau de Saclay au sud du Bénin, une immersion interculturelle

Le 21 septembre 2026, je quitte l’Occident pour un séjour de plus de quatre mois dans un pays sub-saharien d’Afrique de l’Ouest : le Bénin. Là, je vais rejoindre une équipe de béninois·es engagé·es dans la conservation des santés humaines et environnementales, GRABE-Bénin.
Nichée au cœur de la campagne tropicale marécageuse au bord de la Rivière Noire, cette ONG dispose d’une ferme expérimentale et pédagogique aux activités diversifiées. À travers sept programmes clés, GRABE-Bénin couvre des questions très larges autour de l’agriculture :

  • conservation de la biodiversité ;
  • promotion de l’agroforesterie et de l’agriculture durable ;
  • préservation des savoirs ancestraux ; 
  • autonomisation des femmes ;
  • éducation environnementale ;
  • reforestation ; 
  • jurisprudence de la terre et santé communautaire.

Les enfants sont ici au cœur des initiatives : le Directeur Exécutif soutient que « Seuls les enfants peuvent éduquer les adultes ».

Mes actions

Je serai amené à faire :

  • Des travaux agricoles : je vais être sollicité pour accompagner les agronomes et les agriculteur·ices dans leurs travaux de reforestation, maraîchage, élevage, etc.
  • De la recherche qualitative : à travers des entretiens, je documenterai ces initiatives de développement durable, parmi d’autres, sans oublier leur lien avec la culture béninoise (langues, fêtes, spiritualité, perception de la nature…).
  • De l'enseignement : je participerai aux classes environnementales hebdomadaires dans des écoles primaires et des collèges partenaires de GRABE-Bénin.

Ce projet est collectif : je vais travailler de concert avec ma camarade future ingénieure agronome. Au CIPCRE-Bénin, elle va œuvrer à la co-construction de pratiques agricoles plus durables avec les agriculteurs et les agricultrices  dans des villages pilotes. Grâce aux rencontres effectuées pendant nos stages, nous pourrons croiser nos regards et ainsi enrichir notre podcast.

Transmettre l’intérêt de l’agroécologie pour l’agriculture de demain 

La création d'un podcast intitulé "Cultures en Terres rouges " 

Après la phase de terrain viendra la phase de diffusion de notre projet. Nous revenons en France en février 2026, pour compléter notre expérience avec le recueil de points de vue français (chercheur·euses, agriculteur·ices...) pour mettre en perspective les agricultures française et béninoise.

Nous organiserons alors les témoignages recueillis qui, complétés de nos voix et de sonorités béninoises, constitueront l’essence de notre podcast intitulé "Cultures en Terres rouges ». Nous essaierons de comprendre comment l’agroécologie, un ensemble de pratiques agricoles et sociales visant au respect de l’environnement et de l’humain, peut contribuer à un
développement adapté au Bénin.

Des actions auprès de publics scolaires autour de questions agroenvironnementales.

D’autre part, je vais monter des actions de vulgarisation en France auprès de publics scolaires autour de questions agroenvironnementales.

L’équipe pédagogique d'ASPEN me permet aussi de participer au développement de Paroles de Paysans, une association valorisant des vies paysannes de tous les continents dont les projets valent le détour.

Un engagement dans la continuité de mon parcours professionnel...

Ma vie à l’ENS Paris-Saclay a été rythmée par plusieurs expériences de transmission des savoirs à tout public : animation d’ateliers à la Fête de la Science 2023, aux journées des Femmes en Science 2024, tutorat en Français langues étrangères (FLE), stage pédagogique en classe de biologie (SVT), sont autant d’expériences qui m’ont entraîné vers ce projet d’ASPEN.

En Master 1, avec ma camarade du DER de biologie Camille RIGAUDIAS, j’ai coorganisé le parrainage de l’école du Moulon. Nous avons réalisé des ateliers ainsi que des sorties naturalistes, afin de faire découvrir aux élèves de primaire la biologie végétale et de sensibiliser à l’importance de la biodiversité. Je suis ainsi très motivé pour poursuivre dans l’animation auprès de scolaires.

C’est par ces expériences que j’ai vu comme le métier d’enseignant·e était complexe : réussir à captiver l’attention, aller à l’essentiel, et cultiver l’émerveillement dans les sujets que l’on propose. J’espère approfondir ces compétences avec ce nouvel engagement, afin de continuer vers les métiers de la vulgarisation.

…qui résonne avec les causes que je défends profondément

Notre modèle agricole français actuel montre aujourd’hui ses limites. Son impact sur notre environnement, notre santé et le métier même d’agriculteur est indéniable. Quelques chiffres pour illustrer cela :

  • Eau : de 1994 à 2015, 3 278 captages d’eau potable ont été fermés en raison de teneurs excessives en nitrates ou pesticides sur le territoire français (voir les indicateurs de la stratégie du développement durable ).
  • Biodiversité : Depuis 1989, l’effectif des oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles (alouette des champs, hirondelle rustique, caille des blés, etc.) a diminué de 36 %7, notamment en raison des pertes massives d’insectes dus aux intrants.
  • Climat : L’agriculture est le deuxième poste d’émissions de GES de la France (19 % du total national et 85 MtCO2 eq. émises en 2019). Plus d'informations sur le site Internet "notre-environnement.gouv".
  • Sols : 60 % des sols cultivables ont subi des dégradations physiques, chimiques ou biologiques, ce qui nuit à la réalisation de leurs services écosystémiques. Voir le site Internet planet-vie.
  • Métier d’agriculteur : les agriculteur·ices présentent un risque de suicide plus élevé que le reste de la population : en 2020, les agriculteur·ices de 15 à 65 ans ont un risque de se suicider 31 % supérieur aux autres catégories professionnelles, et ce chiffre monte à 77 % en ne considérant que les propriétaires agricoles. Consultez le Rapport Charges et Produits MSA 2024 et le reportage radiophonique de Franceinfo.  

En mettant en perspective l’agriculture au Bénin, ancienne colonie française, avec notre situation ici-même, nous souhaitons interroger nos propres modes de production et de consommation, pour contribuer au grand chantier de la transition agroécologique.