Prix AFSE 2020 du meilleur livre d'économie
Économie des unions monétaires : Institutions et politiques
Qu'est-ce qu'une union monétaire ?
Peut-on définir de « bonnes » institutions et de « bonnes » politiques pour une telle union ?
Comment s'articulent les politiques économiques et quels problèmes se posent à une union monétaire, susceptibles de mettre en cause sa viabilité ?
L’ouvrage "Economie des unions monétaires : Institutions et politiques" aux éditions Economica cherche à répondre à ces questions en recourant aux développements récents de la recherche et en développant une conception originale de l'union monétaire.
Prix AFSE des meilleurs livres d'économie à destination des étudiants
Afin de promouvoir la diffusion et l’enseignement de la science économique, l'Association française de science économique (AFSE) a créé en 2010 des prix destinés à récompenser les meilleurs livres publiés par des économistes en français à destination des étudiants en économie. Ces prix sont décernés à l'occasion de la Matinale de l'économie à l'Assemblée nationale.
Ces ouvrages doivent avoir été publiés l’année précédente ou l'année de remise des prix. Le jury est composé d'économistes représentatifs de la diversité de la profession, nommés par le Comité Directeur de l’AFSE sur proposition du Président de l'association.
Les prix de cette édition 2020 ont été remis à l'occasion des Journées de l'économie.
Mieux comprendre les unions monétaires
Hubert Kempf est professeur à l'École normale supérieure Paris-Saclay et professeur associé à la NRU Higher School of Economics de Moscou. Ancien membre de l'Institut universitaire de France, il a été président de l'Association française de science économique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages ainsi que de très nombreux articles dans les revues scientifiques de premier plan.
Il travaille actuellement à une traduction du livre "Économie des unions monétaires : Institutions et politiques" en anglais qui paraîtra chez Springer Verlag.
Hubert Kempf, pour quelles raisons avez-vous souhaité écrire sur cette thématique des unions monétaires ?
"J’étudie la question des unions monétaires depuis les années 1990, années de fondation de l'euro. En tant que macroéconomiste travaillant en France, j’ai publié une quinzaine d'articles sur ce sujet. Mes contributions ont porté sur la théorie des unions monétaires - non sur l'analyse empirique de la zone euro.
Lorsque je suis arrivé à l'ENS, en 2011, j'ai mûri l'idée de tirer parti de mes recherches et de mon enseignement pour faire le point sur le sujet par le biais d'un livre. À ma connaissance, il n'est pas de livre équivalent, même en langue anglaise, bien qu'il existe de nombreux ouvrages sur l'euro au nombre desquels d'excellents manuels. Il me semblait nécessaire de proposer une synthèse tirant parti des avancées de la recherche.
Pendant très longtemps, la création de l'euro et le fonctionnement de la zone euro ont été analysés à travers le filtre de la théorie des zones monétaires optimales, développée par l'économiste canadien Robert Mundell, pour laquelle il reçut le prix Nobel d'économie (facilité d'écriture) en 1999, date de création de l'euro. Or cette théorie, malgré ses mérites, est très insuffisante pour penser une union monétaire, en tout cas selon moi. C'est le point de vue que je défends dans mon livre. Il se voudrait plus livre de référence que manuel au sens propre du terme".
Que souhaitiez-vous apporter avec ce nouvel ouvrage ?
"La construction de l'euro est inachevée et imparfaite. C'est l'un des rares consensus que partagent les économistes. Par ailleurs, la mondialisation en cours nourrit des processus de rapprochement régionaux, dont l'unification monétaire est un élément clé. Il existe de nombreuses ébauches d'unions monétaires dans le monde. J'écris dans le livre : "Les unions monétaires n'ont pas toutes un avenir, mais l'avenir ne se conçoit pas sans union monétaire". Il est donc important pour les décideurs et pour les peuples (sans le soutien populaire, il n'est pas de construction monétaire qui tienne) de s'appuyer sur un corpus analytique rigoureux et aussi complet que possible pour penser la possibilité et l'opportunité d'une telle unification, d'en mesurer les avantages mais aussi les contraintes. Si le livre que j'ai écrit peut contribuer à une meilleure compréhension des unions monétaires et bien sûr de la zone euro, en particulier par le biais de l'enseignement, mon objectif sera atteint".
À quel(s) publics celui-ci est destiné ?
"Je l'ai écrit dans la perspective de la salle de cours et non la salle du séminaire de recherche. J'y ai recours au langage mathématique mais à un niveau accessible à des étudiants de fin de licence ou de maitrise. Il reste donc "lisible" et non réservé aux heureux élus qui ont accès au monde enchanté des complications économiques, les chercheurs en économie. Un chapitre est typiquement constitué de deux parties : une partie littéraire ou plutôt discursive, et une autre formalisée (et toujours à un niveau de complexité raisonnable). Des non-étudiants, des économistes professionnels travaillant dans des institutions ouvertes sur la macroéconomie (comme les banques centrales), voire des lecteurs intéressés par l'économie, peuvent donc aussi vouloir le lire".