Égalité professionnelle femmes-hommes : pas seulement une histoire de compétences
D’anciennes élèves et enseignantes-chercheuses sur le campus ont témoigné au sujet de leur parcours et ont livré leur opinion sur les compétences des femmes dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Etre une femme dans l'Enseignement supérieur et la recherche
Sylvie Retailleau, Présidente de l’Université Paris-Sud, Professeur des Universités (Physique), déclare « Pour améliorer l’égalité femmes-hommes dans l’Enseignement supérieur et la recherche, il faudrait que les hommes prennent modèle sur les femmes et pas obligatoirement le contraire !
La valorisation de toutes les missions des enseignants-chercheurs, ne serait-ce que le volet enseignement, participera à valoriser aussi les femmes qui participent pour beaucoup à l’enseignement et aux tâches d’intérêt général, en particulier les moins nobles !»
«Je n’ai jamais souffert de fortes discriminations mais j’ai ressenti des freins et des obstacles de plus en plus fortement au fur et à mesure des prises de responsabilités. Quand on est une femme rien n’est jamais gagné a priori et il faut vraiment faire ses preuves, on ne bénéficie jamais d’un regard de base associé à une position acquise par son poste, son titre et ses responsabilités : c’est toujours par le travail et les compétences que l’on gagne le respect.
Ceci peut paraître normal et même sain mais ce n’est pas le cas pour un homme qui joue et bénéficie souvent de sa position a priori. Mais par la suite on est plutôt gagnante à avoir acquis la considération sur ses compétences. » Le statut de femme « aide aussi certainement parfois, avec des relations humaines quelquefois différentes.»
Au-dela du genre, les compétences
Aline Bel-Brunon, Maître de Conférence en mécanique et sciences de l’ingénieur, Laboratoire LaMCoS, INSA Lyon, affirme également l’importance des compétences chez les femmes dont elles doivent être convaincues elles-mêmes, et qu’elles doivent savoir faire reconnaître.
« Dans mon domaine, les femmes sont très peu présentes dans les postes plus élevés. Cela me semble notamment dû à une autocensure. Je constate autour de moi que de nombreuses jeunes femmes chercheuses se sentent illégitimes. J’ai pu ressentir cela aussi en début de carrière. Il me semble qu’une chose qui pourrait améliorer la condition des femmes serait qu’elles arrêtent de s’autocensurer et fassent aussi preuve d’ambition sans se croire illégitimes. »
« Dans mon domaine d’études (mécanique, sciences de l’ingénieur) les filles étaient plutôt rares donc mises en avant. Aujourd’hui encore, je suis souvent sollicitée pour des actions de communication en tant que femme chercheuse, que l’action soit à destination des jeunes filles ou non. Néanmoins, on ne peut pas dire que cela influence ma carrière : je ne suis pas intégrée à un nouveau projet parce que je suis une femme mais parce que j’en ai les compétences.
J’ai été une fois freinée par ma condition féminine alors que j’étais enceinte de mon premier enfant. La maternité d’une façon générale ralentit la carrière : on ne lance pas de nouveaux projets plusieurs mois avant le congé maternité et les choses redémarrent lentement après. C’est aussi vrai pour les pères qui, à ce que je vois autour de moi, ont du mal à concilier vie privée et professionnelle dans ce métier qui ne s’arrête jamais ».
Atout des parcours linéaires
Pour Véronique Cortier, Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire LORIA, les compétences ne sont pas nécessairement en cause dans la moindre progression de carrière des femmes mais le rythme de la carrière peut constituer un frein à son évolution.
« J'ai eu la chance d'évoluer, aussi bien pendant mes études que ma carrière de chercheuse, dans des milieux très ouverts et respectueux. Pas de blagues sexistes. Ni le sentiment d'avoir été écartée parce que je suis une femme. Néanmoins, le nombre (et la proportion) de femmes commençant des études en mathématiques ou en informatique est très faible à l'heure actuelle. Pourtant, les femmes y ont toute leur place.
Des efforts peuvent encore être menés pour l'égalité femmes / hommes lors des promotions par exemple. Il n'y a pas de discriminations à proprement parler (du moins, je n'en ai pas été témoin) mais les parcours non linéaires sont pénalisés par rapport à des carrières plus rapides et donc estimées plus "brillantes". Cela explique probablement, au moins en partie, le fait que la proportion des femmes diminue encore lorsqu'il s'agit d'être promu.e (professeur.e d'université ou directeur.trice de recherche)."