Contact
jean-luc.martinot [at] ens-paris-saclay.fr (Centre Borelli - Jean-Luc Martinot)

Laissez les adolescents dormir !

Habitudes de sommeil chez des adolescents franciliens de 14 à 19 ans
Les liens entre les changements des habitudes de sommeil à l’adolescence, le développement de la substance blanche du cerveau, et les prémisses de troubles anxieux ou dépressifs sont mal connus à l’adolescence.
Des chercheurs de l'INSERM et du Centre Borelli (ENS Paris-Saclay - Université Paris-Saclay) ont mesuré les habitudes de sommeil et les problèmes d'intériorisation à un intervalle de 5 années, par des questionnaires d'auto-évaluation chez des adolescents franciliens suivis de 14 à 19 ans.

Sommeil, substance blanche et intériorisation * à l'adolescence

Des co-variations mathématiques ont été recherchées entre les changements des horaires de sommeil au cours de l'adolescence et le développement de la substance blanche.

Les chercheurs ont mesuré les habitudes de sommeil et les problèmes d'intériorisation à un intervalle de 5 années, par des questionnaires d'auto-évaluation chez des adolescents franciliens suivis de 14 à 19 ans, ne présentant pas de troubles somatiques, neurologiques ou psychiatriques majeurs.
Les participants ont subi des scans DTI à deux moments. La micro-structure de la matière blanche a été mesurée par imagerie du tenseur de diffusion (DTI).

* intériorisation : prémisses de troubles anxieux ou dépressifs.

Résultats

Entre 14 et 19 ans, les augmentations du temps passé au lit les week-ends, et les augmentations du changement de temps au lit entre la semaine et les WE, étaient associés avec les changements de la micro-structure dans plusieurs faisceaux de substance blanche.

La relation entre l'augmentation du temps au lit le week-end et la diminution des problèmes d'intériorisation était médiée par le changement du faisceau longitudinal supérieur ; ce faisceau relie des cortex associatifs qui se développent au cours de l’adolescence.

Conclusions

Ces résultats impliquent qu’un sommeil insuffisant peut avoir des effets néfastes à long terme sur le développement de la substance blanche et sur l'intériorisation. Mais une durée de sommeil plus longue le week-end pourrait être une manière naturelle de réaction et de protection.

Un corollaire logique de ce travail serait de respecter le sommeil de rattrapage des adolescents au lycée (et après…).