Thibault Fredon, normalien et judoka

Thibault Fredon, normalien et judoka
Être normalien et sportif, c’est possible ! Thibault FREDON, élève en physique, en formation ARTeQ (Année de recherche en technologie quantique) s'est classé 7e aux championnats de France universitaire toute catégorie de judo, à Limoges. Il nous raconte son parcours et son "acharnement pour concilier études et sport".

Les championnats de France individuels universitaires de judo 2e division se tenaient à Limoges les 2 et 3 février 2022. 400 judokas venus de la France entière étaient venus à ce grand rassemblement.
Confronté à des adversaires issus de l'ensemble des filières universitaires, notamment celles de la F2S (ex. STAPS), Thibault a réussi à performer dans ce championnat toutes catégories, le plus prestigieux en judo.

"J'ai été qualifié aux championnats de France universitaire 1re division en -100kg. J’ai eu la possibilité de faire ces championnats toutes catégories.
La compétition fut compliquée et le résultat assez frustrant : la défaite de mon dernier combat qui me renvoya à la 7e place."

Rencontre avec Thibault  Fredon

Quel est votre parcours ?

Après mon lycée, j’ai intégré une classe préparatoire MPSI/MP au Lycée Gay Lussac à Limoges où je n’ai pu qu’aller sporadiquement m’entraîner dans mon club de judo d’origine à l’Union Judo Brive Corrèze Limousin (UJBCL).
Côté scolaire, l’équipe pédagogique de la CPGE était excellente car elle cultivait un esprit de recherche au sein des étudiants.

Après ces 3 ans à Limoges, j’ai eu la chance d’intégrer le département Physique de l’École normale supérieure Paris-Saclay.
C’était vraiment une chance pour moi car la physique de prépa m’avait énormément plu et je voulais à tout prix continuer dans la recherche. De plus, à l’époque, la physique et les technologies quantique m’attiraient réellement (même si j’avais une idée vague de ce que c’était) et pour moi, l’ENS Paris Saclay était l’école de mes rêves.
En première et deuxième année d’ENS Paris-Saclay, j’ai pu vraiment découvrir la physique actuelle grâce à des enseignants qui étaient tous plus incroyables les uns que les autres et qui adoraient présenter aux élèves les recherches qu’ils menaient.

En 2021-2022 pour ma 3e année d’ENS, j’ai été accepté à ARTeQ (Année de Recherche en Technologie Quantique) une formation géniale orchestrée par des chercheurs passionnés et passionnants sur les thématiques principales de recherche en technologie quantique.
Professionnellement, cette année est une révélation pour moi et je serais toujours reconnaissant envers Pascale Senellart et Jean-François Roch de m’avoir accepté dans leur formation.

Quelle était votre motivation d'entrer à l'ENS Paris-Saclay ? Pourquoi des études de physique ?

Ma motivation pour rentrer à l’ENS était indubitablement mon envie de faire de la recherche.
Je trouve extrêmement exaltant d’être toujours à la limite des connaissances actuelles du monde qui nous entoure tout en cherchant à la repousser. C’est alors naturellement que j’ai choisi la physique car j’avais à cœur de travailler sur la quantique et la compréhension du monde à l’échelle mésoscopique.

Depuis quand pratiquez-vous le judo ?

Je pratique le judo depuis que j’ai l’âge de 4 ans, j’ai quasiment tout appris à l’UJBCL où l’équipe encadrante était exceptionnelle car ils forment des jeunes comme des sportifs de haut niveau tout en insistant sur l’importance de l’École. C’est grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui et ils m’ont toujours accompagné.

Que vous apporte le judo ?

Le judo m’apporte énormément sur tous les plans : les valeurs de ce sport - respect, sincérité, modestie, politesse, amitié, courage, honneur et contrôle de soi - sont essentielles et m’accompagnent au quotidien depuis toujours.
Ensuite sur le plan physique, le judo me fait du bien car tous les muscles travaillent dans ce sport et la souplesse est extrêmement importante (pour preuve judo signifie voie de la souplesse).

Enfin, le judo m’a appris la résilience à tous les points car dans ce sport, on tombe toujours pour mieux se relever. Cela a été le leitmotiv de ma vie après mes défaites en compétition, mon premier échec au concours d’entrée de l’ENS ou après mon cancer, je me suis toujours acharné pour me relever et y arriver.

Mon souvenir le plus important reste la remise de ma ceinture noire par mes entraîneurs Jamal et Benoît qui m’ont accompagné depuis que je suis petit et envers qui je suis extrêmement reconnaissant. Cela va vous paraître bateau car si vous demandez à un judoka ce que représente la ceinture noire et le 1er dan pour lui, il vous répondra que ce n’est qu’un début au judo à l’instar d’un doctorat pour la recherche mais pour moi c’était beaucoup. En effet, à l’époque je venais tout juste de guérir de mon cancer et mes capacités revenaient petit à petit, donc cette ceinture était une consécration doublée d’une revanche sur la vie.

Comment associer études et sport en compétition ?

Pour moi, associer étude et sport nécessite de l’acharnement. Pour réussir, il faut se donner les moyens et pour se donner les moyens il faut travailler et tout donner.  En réalité, sport et étude sont complémentaires et nécessaires à mon épanouissement donc faire de la physique et du judo me motive à me lever tous les matins.

Quelles sont vos ambitions sportives et professionnelles ?

Côté sportif, cette 7e place est une sorte de preuve de concept plus qu’une réussite : je me suis prouvé que j’avais retrouvé une condition qui me permettait de faire des résultats en compétition donc maintenant j’ai envie de m’entraîner plus dur que jamais pour essayer de remporter les championnats 1ère division universitaire et reprendre la compétition fédérale l’année prochaine.

Professionnellement, la première étape sera de décrocher un Master 2 puis une thèse.
J’aimerais réellement travailler à la frontière entre physique quantique et information quantique car ce domaine me paraît prometteur en termes de compréhension du monde quantique et d’avancée technologique majeure.

 

J’aimerais adresser un dernier mot de remerciement à Patrick Maupu, directeur du SUAPS de la faculté d’Orsay et l’entraîneur de judo de la fac. Patrick, en plus d’être un super coach, m’a accompagné sur toutes les compétitions auxquelles j’ai participé en 2022.Je lui dois beaucoup pour m’avoir permis de revenir à mon niveau.  

En tant que directeur du SUAPS, Patrick travaille dur pour développer le sport à l’université Paris Saclay pour les étudiants comme le personnel (pour favoriser l’interaction entre les personnes) en multipliant les créneaux et les installations disponibles.
Enfin Patrick et Frédéric Aeschlimann font tout pour développer le sport à l’ENS c’est pourquoi j’aimerais leur adresser un grand merci.

Grâce à tout cet investissement, l’université Paris-Saclay est une superbe aventure sur le plan scientifique comme sportif grâce à un groupement d’écoles et de formations universitaires de haut niveau. Je suis convaincu comme Patrick que le sport à l’université est un vecteur de rencontres incroyables entre chercheurs, professeurs et étudiants et permet l’épanouissement des personnes sur le plan personnel comme professionnel. Pour anecdote, sur le tatami, régulièrement un chercheur affronte régulièrement son thésard et un ex-stagiaire de son groupe qu’il a rencontré sur le tatami.

Pour finir, j’invite donc tous les judokas de l’ENS ou de l’université (étudiant comme personnel) à venir vous entraîner avec nous, j’aurais un grand plaisir à me bagarrer avec vous !