Audrey POLLIEN (chimie)

Normalienne élève en chimie - Admission concours en 2ème année (2A)

Audrey POLLIEN est normalienne élève en 3ème année au Département d’Enseignement et Recherche (DER) Chimie. Elle est également représentante des étudiants au Conseil Scientifique de l’ENS et au sein de la Graduate School des Métiers de la Recherche et de l’Enseignement Supérieure (GS MRES) de l’Université Paris-Saclay.

Forcément, comme beaucoup d’étudiant·es, il n’a pas toujours été évident pour moi de me sentir légitime d’intégrer une ENS surtout lorsque l’on n’est pas issu d’une "grande prépa parisienne". Et encore plus lorsque, comme cela a été mon cas, on ne provient pas d’une classe étoilée. Aujourd’hui, je suis très reconnaissante envers ces quelques professeurs qui y ont cru avec moi et m’ont encouragée à devenir normalienne... Pour ceux qui hésitent à passer le concours, je vous laisse méditer sur cette citation du philosophe français Charles Fourier : « On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas.

Portrait

Quel est votre parcours ?

À l’issue de mon baccalauréat scientifique spécialité physique-chimie, alors que j’avais toujours voulu faire des études de médecine, je me suis finalement orientée vers une classe préparatoire PCSI. Pourquoi ? Parce que j’étais bien trop fascinée par la physique-chimie et les mathématiques pour ne pas poursuivre mes études dans cette voie.
Après ma première année de PCSI, j’ai intégré la classe de PC en seconde année de prépa avec pour unique objectif d’intégrer une des trois ENS. Je savais pertinemment que devenir ingénieure ce n’était pas ce dont j’avais besoin. Je voulais faire de la recherche. Cependant, ce n’est pas à l’issue de ces deux années que j’ai intégré l’ENS Paris-Saclay.

En septembre 2021, j’ai intégré le Magistère de physico-chimie moléculaire de l’Université Paris-Saclay qui est une formation très largement (pour ne pas dire complétement) en commun avec les élèves normaliens de l’ENS Paris-Saclay.
Au cours de cette année, j’ai également présenté le second concours de l’ENS Paris-Saclay dont je suis finalement sortie lauréate et suis alors devenue normalienne élève.
Après ma troisième année de licence et ma première année de master, toujours passionnée par le monde de la recherche, c’est naturellement que j’ai décidé de réaliser une Année de Recherche Prédoctorale à l’Étranger (ARPE) pour mon année spécifique du diplôme.

Comment avez-vous entendu parler de l'ENS Paris-Saclay et pourquoi l’avoir choisie ?

Que ce soit par nos professeurs ou via des forums, lorsque l’on vient d’une prépa, difficile de ne pas avoir entendu parler de l’ENS !

Pour être transparente, à l’issue de la prépa j’aurais accepté d’intégrer n’importe laquelle des 3 ENS. Mais après avoir effectué mon année au magistère, l’ENS Paris-Saclay était devenue pour moi une évidence du fait de l’excellence de ses enseignements, l’investissement et la bienveillance de ses professeurs mais également pour la qualité du matériel à notre disposition et le plaisir d’étudier dans un bâtiment complétement neuf.
Et puis, sachant que le slogan de l’ENS Paris-Saclay assure « une formation par la recherche, pour la recherche et l’enseignement » cela ne peut qu’attirer une étudiante ayant l’ambition de devenir chercheuse !

Vous venez d’une prépa de province ? Quelles ont été les difficultés que vous avez pu rencontrer ? Certains pensent ne pas avoir le niveau pour passer les concours des ENS : que pouvez-vous leur dire ?

Effectivement, j’ai effectué mes deux années de prépa en « province » au Lycée La Martinière Monplaisir à Lyon.
La plus grande difficulté que j’ai rencontrée, c’est sans doute de devoir se confronter à des professeurs qui ne vous imaginent pas capable d’intégrer l’ENS. Forcément, comme beaucoup d’étudiant·es, il n’a pas toujours été évident pour moi de me sentir légitime d’intégrer une ENS surtout lorsque l’on n’est pas issu d’une "grande prépa parisienne". Et encore plus lorsque, comme cela a été mon cas, on ne provient pas d’une classe étoilée. Aujourd’hui, je suis très reconnaissante envers ces quelques professeurs qui y ont cru avec moi et m’ont encouragée à devenir normalienne.

Comme je l’ai dit, je n’ai pas réussi à intégrer directement l’ENS à l’issue de la prépa. Mais pour avoir été dans la même classe que les normaliens à l’issue de la prépa lors de mon année au magistère, prépas parisiennes ou non, je peux vous assurer que les cartes sont totalement rebattues !

Pour ceux qui hésitent à passer le concours, je vous laisse méditer sur cette citation du philosophe français Charles Fourier : « On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas. ».

Saviez-vous dès le début ce que vous souhaitiez faire en entant à l'ENS Paris-Saclay ?

J’hésitais encore entre faire de la recherche ou de l’enseignement. Mais j’ai eu la chance d’effectuer un stage d’immersion en enseignement en lycée (à raison d’une après-midi par semaine) et je me suis rendu compte que cela ne me faisait pas particulièrement vibrer. Au contraire, en intégrant l’ENS Paris-Saclay, mon attrait pour la recherche s’est plus que confirmé !

Vous êtes actuellement en année ARPE ? En quoi cela consiste ? Pouvez-vous nous dire pourquoi avoir choisi ce parcours et quelles sont vos activités et ce que cela vous apporte

Afin de valider notre diplôme, nous devons effectuer une année spécifique généralement entre notre M1 et notre M2. Captivée et émerveillée par la recherche, c’était pour moi une évidence de faire une Année de Recherche Prédoctorale à l’Étranger (ARPE).

Cette année nous offre une opportunité remarquable d’effectuer un stage de 9 à 10 mois dans un laboratoire de recherche académique à l’étranger. L’objectif de cette année est de gagner en autonomie dans la pratique d’une activité de recherche mais également de découvrir comment la recherche s’effectue à l’étranger.
Personnellement, j’effectue cette année à l’Institut de Physique-Chimie de l’Université d’Heidelberg en Allemagne. J’étudie les propriétés d’optique non-linéaires du troisième ordre de diradicaux N-Hétéropolycycliques. Pour vulgariser très fortement, j’envoie un laser sur des molécules très instables qui comportent des atomes d’azote et j’analyse la réponse que ces molécules me renvoient.

L’avantage de l’année ARPE, c’est la durée ! Contrairement à un stage, on a vraiment le temps de s’imprégner de notre sujet de recherche et ça c’est super chouette. De plus, j’ai la chance de travailler dans une équipe qui me laisse « voler de mes propres ailes » ce qui est particulièrement satisfaisant. J’ai également l’opportunité de collaborer avec plusieurs équipes allemandes sur différents projets tous en lien avec mon sujet de recherche et vais prochainement présenter mes premiers résultats en conférence à Berlin.
La ARPE, c’est mot pour mot "la formation à la recherche par la recherche " ! Et même si tout ne fonctionne pas comme on le voudrait (sinon ce serait trop facile), c’est avant tout des rencontres, des échanges et beaucoup d’apprentissages.

Qu'envisagez-vous de faire après le diplôme ?

Au retour de ma ARPE, j’envisage d’effectuer le M2 CHimie Inorganique Physique et du Solide (CHIPS) de l’Université Paris-Saclay.
Après avoir obtenu mon diplôme, je souhaite réaliser une thèse en chimie physique même si je n’ai pas encore d’idée précise de sujet ou de laboratoire (bien que j’ai déjà quelques pistes).

Avez-vous des perspectives professionnelles ?

Pour le moment, la certitude que j’ai, c’est que j’aimerais devenir chercheuse en chimie physique. Pour moi, la recherche c’est avant tout un métier passion et je me retrouve pleinement dans cette idée.
Les professeurs que j’ai pu côtoyer au cours de mes années à l’ENS et à l’Université Paris-Saclay m’ont toujours impressionné par leur savoir, leur passion pour leur recherche, leur investissement et leur dévouement. C’est pourquoi, j’envisage également de devenir enseignante-chercheuse afin de partager mes connaissances et en espérant devenir aussi inspirante que certains l’ont été pour moi.

Pouvez-vous nous dire ce que l’École vous apporte ?

Intégrer l'ENS a été bien plus qu'une simple étape académique ; ce fut pour moi un voyage fascinant au cœur de l'excellence intellectuelle qui m’a transformé. Je suis entrée avec des questions auxquelles je ne trouvais pas de réponses. Et ce n’est pas des réponses que l’ENS m’a apportée mais des certitudes.

L’ENS m'a offert un cadre d'apprentissage exceptionnel, où l'exigence du savoir et la quête permanente d'excellence ont façonné chaque instant de ma formation. Les échanges avec des professeurs et des camarades passionnés ont nourri ma curiosité, m’ouvrant des portes insoupçonnées vers des domaines captivants.

Ce que je retiendrai de mon passage à l'ENS, c'est cette alchimie unique entre rigueur intellectuelle, émulation collaborative et épanouissement personnel. Les enseignements de ma formation continueront à guider mes pas, éclairant le chemin d’un futur que je me souhaite dédié à la recherche et à l'exploration d’idées novatrices.

Quel conseil pourriez-vous donner aux étudiant·es qui hésitent à venir à l'ENS Paris-Saclay ?

Aux étudiant·es hésitant à franchir les portes de l'ENS Paris-Saclay, je leur conseillerais de saisir pleinement cette opportunité. Mes propres expériences à l'ENS Paris-Saclay m'ont enseigné que la diversité des savoirs, les échanges enrichissants avec des camarades passionnés et l'encadrement par des enseignants fascinants sont autant d'éléments qui transcendent le simple cursus universitaire.

Mon conseil serait donc de se laisser porter par la curiosité. L'ENS Paris-Saclay vous offrira bien plus qu'un diplôme ; elle offre une aventure intellectuelle et humaine unique qui façonne le parcours académique et personnel de chaque normalien de manière inoubliable.