Conférence du diplôme avec Anaïs Orsi, spécialiste du climat polaire

Résumé

Ce que le paléoclimat révèle des mutations du monde.

On parle souvent de changement climatique. Le mot "changement" fait écho à un état de référence. Mais quel est cet état de référence ? La question est plus difficile qu’il n’y paraît. Dans les premiers rapports du GIEC, la période de référence était 1960-1990, simplement parce
que c’était une période où nous avions le plus de données fiables, mais dans le dernier rapport, cette période a changé pour 1850-1900. Est-ce que c’est une amélioration ? Si le climat était constant, ça ne changerait rien, mais le climat pré-anthropique n’est pas constant et stable. Il est sujet à des fluctuations, que l’on appelle la « variabilité naturelle ».

Comprendre et quantifier le climat pré-anthropique et la variabilité naturelle est l’objet du paléoclimat : l’étude des climats passés, à l’aide d’indicateurs indirects comme les anneaux de croissance des glaces, ou la composition isotopique de la glace.

Lors de cette conférence, nous allons faire un tour d’horizon des connaissances du paléoclimat pour comprendre ce que ça veut dire, un réchauffement global de 2°, 3° ou 4°C. Est-ce que notre réchauffement est réellement en dehors des fluctuations naturelles du climat ? Est-ce
que la planète a déjà été plus chaude ? A quoi ressemble la planète Terre à 2°C de plus ? Comment comparer l’amplitude et la vitesse du réchauffement actuel aux fluctuations climatiques passées ? Les observations paléoclimatiques nous permettront de mettre en contexte le caractère exceptionnel des mutations du monde moderne.

Biographie

Anaïs Orsi est paléoclimatologue, spécialiste du climat polaire.

Polytechnicienne, elle a obtenu sa thèse de doctorat en Océangraphie à Scripps Institution of Oceanography, UC San Diego, en Californie, puis a travaillé 7 ans dans l’équipe de glaciologie du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) à Gif-sur-Yvette, avant de rejoindre le département des Sciences de la Terre à l’University of British Columbia à Vancouver (Canada), ou elle est actuellement professeur de géophysique.

Elle est spécialisée dans la reconstruction du climat polaire des 2000 dernières années, à partir de multiples indices issus des carottes de glace. Elle a participé à 9 expéditions polaires en Antarctique et au Groenland, principalement pour le forage de carottes de glaces.

Elle co-dirige actuellement un groupe de travail international sur l’étude du climat des 2000 dernières années focalisé sur la reconstruction du cycle hydrologique.