Pauline Lez
Promotion 2005/2009
De la science économique à la gouvernance de l’économie mondiale
Ancienne élève du département d’économie de l’ENS Paris-Saclay entre 2005 et 2009, elle s’est spécialisée dans la finance et a mis ses compétences au service de divers organismes de conseil et de gouvernance, tels que des banques d’investissement, des fintech – start-ups qui concurrencent les banques en proposant des services financiers optimisés – et enfin la Banque de France, depuis 2014.
Pauline Lez, d’où vient votre intérêt pour l’économie ?
Selon moi l’économie devrait permettre de mieux comprendre les choses du quotidien, comme l’évolution des prix, le coût d’un emprunt, le chômage ou le budget d’un État. C’est cette curiosité qui m’a poussée à faire des études d’économie après le bac, et qui m’a ensuite orientée vers un métier plus opérationnel, car la recherche en économie me parait trop théorique et éloignée de la réalité.
Quel rôle a joué votre passage par l’ENS Paris-Saclay dans votre carrière ?
Je voulais faire des études d’économie et l’entrée à l’ENS était la meilleure option qui s’offrait à moi suite à la classe préparatoire [D2, en économie-gestion, effectuée au lycée Turgot à Paris], la réputation de l’école garantissant un enseignement de qualité et des débouchés intéressants.
Mon entrée à l’ENS était une surprise, je ne pensais pas réussir le concours et avais également passé des concours d’école de commerce.
Mes années à l’ENS ont indéniablement orienté ma carrière vers l’économie et le service public.
Quelles ont été les étapes majeures de votre parcours professionnel ?
Après ma scolarité à l’ENS, j’ai pris un congé pour convenance personnelle de deux ans pour découvrir le monde de l’entreprise. J’ai effectué un VIE [Volontariat International en Entreprise] à Londres à la Société Générale en tant qu’économiste en banque d’investissement, de 2009 à 2010.
En rentrant à Paris, j’ai décidé de continuer à travailler en entreprise en rejoignant Finance active, une Fintech spécialisée dans l’accompagnement des collectivités locales européennes et des entreprises dans la gestion de leurs risques financiers (dettes, change, garanties), en tant qu’économiste, stratégiste et responsable de la formation.
Fin 2014, j’ai rejoint la Banque de France en tant qu’économiste de marché dans la Direction de la Stabilité Financière, où j’ai travaillé à l’identification des risques pour le système financier français. Mon entrée à la Banque de France a été déterminante car c’est une institution offrant beaucoup d’opportunités d’évolution. On peut y faire une longue carrière sans jamais s’ennuyer et en découvrant régulièrement de nouvelles thématiques dans un environnement très stimulant.
D’ailleurs, en 2019, vous êtes devenue responsable de la stratégie de collatéral et de l’éligibilité des titres, au sein de la Direction de la mise en œuvre de la politique monétaire ; un autre domaine d’activité de la Banque de France. En quoi consiste ce travail ?
Je suis en charge d’une équipe de 10 personnes qui négocient et mettent en œuvre les décisions de politique monétaire ayant trait au collatéral, en particulier l’éligibilité des titres en tant que garantie pour les opérations de refinancement de l’Eurosystème.
L’activité se compose notamment d’échanges avec les autres banques centrales nationales de la zone euro et la BCE [Banque Centrale Européenne] pour décider de l’adaptation du cadre opérationnel de politique monétaire au contexte de marchés ou aux évolutions réglementaires. Nous mettons ensuite en œuvre ces évolutions afin de sélectionner les titres français qui seront acceptés par l’Eurosystème. Pour éclairer nos décisions, nous préparons des études et projections à partir des données de politique monétaire et participons à des travaux de recherche empirique.
Vous occupez un poste à responsabilités, au cœur d’une institution centrale pour l’économie européenne. Est-ce difficile au quotidien ?
La mise en œuvre de la politique monétaire est un sujet cœur pour une banque centrale, c’est donc passionnant de participer aux décisions prises pour l’ensemble de l’Eurosystème. Cela implique également beaucoup de pression, des échéances courtes et une charge de travail importante.
Heureusement, le cadre n’évolue pas de jour en jour, cela permet de creuser les sujets et d’acquérir une expertise. En revanche, en période de crise les choses peuvent évoluer très vite et nécessitent un investissement très important au travail.
Avez-vous des perspectives d’évolutions, au sein de la Banque de France ou ailleurs ?
Je souhaite rester dans une activité en lien avec la politique monétaire pendant les prochaines années, la Banque de France offre beaucoup de perspectives d’évolution et également des postes à l’étranger ou dans des institutions internationales, ce qui pourrait m’intéresser à plus long terme.