Ulysse Baratin à la direction de la Scène de recherche
Depuis septembre 2022, son nouveau directeur, Ulysse Baratin, a pour mission d’assurer son rayonnement et d’affirmer la singularité du projet en consolidant le projet artistique, scientifique et culturel.
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
J’ai d’abord suivi des études de lettres modernes à la Sorbonne, qui m’ont conduit à passer une année particulièrement marquante au Carleton College (liberal arts college, Minnesota, États-Unis). Mon sujet de prédilection a toujours été les liens entre littérature et sciences sociales.
Ce goût pour les croisements entre disciplines et les organisations culturelles m’a conduit à intégrer SciencesPo Paris, et a devenir programmateur au théâtre La Reine Blanche, Scène des arts et des sciences. J'ai contribué à lancer et à faire vivre pendant 7 ans. Les arts vivants offrent un terrain particulièrement propice aux rencontres entre scientifiques et artistes. L’accompagnement de ces croisements et leur réalisation se trouvent au cœur de mon parcours.
Qu'est ce que représente l'ENS Paris-Saclay à vos yeux ?
Tout d’abord un lieu d'excellence académique et de recherche de pointe, qui porte les sciences à un niveau international. Je la vois aussi comme un espace où peut s'exercer une très grande liberté intellectuelle, avec un goût pour l’expérimentation et les croisements des disciplines. Ne serait-ce que par son emplacement, son architecture générale, par la présence de la Scène de Recherche, l'ENS Paris-Saclay dégage une forte dimension expérimentale, voire utopique.
L’école m’apparaît à la fois connectée aux enjeux contemporains, et extraite du bruit du monde. Entre autres nombreux points communs, la recherche et l’activité artistique nécessitent ce léger retrait, ce recul réflexif qui permet de prendre du champ.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le programme de la Scène de recherche ?
Cette saison est dédiée à des rencontres inattendues : arts plastiques et chimie, danse et physique quantique, magie nouvelle et neurosciences, musique et minéralogie, arts multimédias et robotique, sociologie et théâtre, théâtre et cosmologie… On vient à la Scène de recherche pour vivre des expériences. Celles-ci engagent tous nos sens et provoquent des interrogations nouvelles. Elles ouvrent des perspectives auxquelles nous n’avions pas pensé.
¨Par exemple, dès cette semaine, Julien Avril ouvrira la saison avec Effondré.e.s, une pièce conçue en collaboration avec le département de Génie mécanique et des étudiants et étudiantes de toutes disciplines : il s’agira de voir comment, face à la crise climatique, donner la parole aux non-humains, à la faune, aux végétaux et aux machines. Ce travail collectif a des allures de science-fiction mais nous amène à nous pencher sur une question qui nous concerne tous.
Tout du long de l’année, nous accueillerons Frédérique Aït-Touati. Sa présence est une chance extraordinaire car elle est une spécialiste des marges entre arts et sciences. Elle explore avec Bruno Latour les moyens de rendre sensible le changement climatique. De fait, la question écologique rythmera l’ensemble de la saison, avec des artistes qui multiplieront les points de vue sur cette question.
Quel serait pour vous le plus grand défi à ce poste ?
Ouvrir grand les portes de la Scène de recherche ! Grâce au travail d’Agathe Bioulès, de Marc Dondey et de Pierre-Paul Zalio, auxquels je veux rendre hommage, la Scène de recherche se trouve aujourd’hui sur orbite. Mais à présent, il s’agit de la faire connaitre et de la rendre familière à toutes et tous. Ce lieu, qui constitue une marque de fabrique, un signe distinctif formidable de l’ENS Paris-Saclay et de l’Université Paris-Saclay, doit à présent s’ouvrir au plus large et aller à la rencontre du public.
Cet espace appartient aux enseignants-chercheurs, aux élèves de l’ENS Paris Saclay, aux étudiants et étudiantes de l’Université Paris-Saclay. Que ce soit pour collaborer avec des artistes dans le cadre des résidences, participer à des ateliers communs, ou venir assister à nos spectacles, la Scène de recherche (SDR) est un lieu de dialogue. À cet égard, il me semble capital de rappeler que la SDR va accueillir une semaine par mois les activités artistiques étudiantes.
Ouvrir la Scène de recherche au plus large signifie aussi accueillir l’Essonne, ses habitants et groupes scolaires. Cela à la fois dans une démarche de démocratisation culturelle mais aussi pour faire connaître l’ENS Paris-Saclay.
Lieu où l’on se rencontre, où les langages se croisent, la Scène de recherche est une tour de Babel heureuse. Pour autant, ce n’est pas une tour d’ivoire : un tel espace peut s’épanouir et développer ses nombreuses et riches possibilités si tout le monde se l’approprie. C’est l’objectif qui anime l’équipe de la Scène de recherche.
La Scène de recherche
Située au cœur du campus de l’Université́ Paris-Saclay, la Scène de recherche de l’École normale supérieure Paris-Saclay est un théâtre professionnel visant à̀ expérimenter de nouvelles manières de chercher, de former, de créer. L'équipement est atypique : une boite compacte, visible de l’extérieur, une salle de spectacle de 160 places ainsi qu’une plateforme de recherche-création.
La Scène de recherche réunit autour de son projet et dans ses programmes transdisciplinaires les acteurs de la création artistique, de la recherche scientifique, de l’innovation technologique et sociale.
Elle organise des résidences et capsules de recherche création, pilote un programme de formation et propose une programmation culturelle ouverte au grand public.
Plus largement, la Scène de recherche a pour vocation de porter l’exigence artistique et les enjeux de la recherche-création hors les murs de l’ENS Paris-Saclay, pour l’Université et au-delà.