Les lauréats de l'ENS Paris-Saclay en 2022
Que signifie d'être normalienne ou normalien en 2022 ? Focus sur nos lauréats, leurs parcours, leur vision sur l’École et leurs ambitions.
Nathalie CARRASCO, marraine de la cérémonie des diplômés 2021
Dans son discours d’introduction, Nathalie CARRASCO, rappelait l’importance de l’interdisciplinarité. Aujourd'hui, si elle se définit comme enseignante-chercheuse et astrophysicienne, elle a commencé sa formation universitaire à l'École comme chimiste. Comment est-elle passée de la chimie à l'astrophysique ?
"’J'ai trouvé que presque tout y est possible, avec la curiosité comme votre moteur. On rentre en choisissant une discipline maîtresse, Moi c’était la chimie.
Vous intégrez une promotion de cœur, vous apprenez plein de choses qui vous confortent dans le sentiment de devenir tous les jours un peu plus fort, un peu plus expert… et puis là patatras, votre système faussement bien rodé tombe à plat, vous côtoyez d’autres normaliennes et normaliens, issues d’autres disciplines, vous croisez également d’autres étudiantes et étudiants dans l’Université Paris-Saclay et les écoles aux alentours et cela ouvre des horizons que vous ne soupçonniez pas. Et là c’est super, c’est encore mieux ! On réalise qu’on ne sait vraiment pas grand chose, que l’univers est vaste et plein d’aventures possibles, et aussi qu’il y a plein de gens formidables avec qui se lier, réfléchir et travailler. Et donc en sortie d’école plein de possibles s’ouvrent à vous."
Elle invite tous les diplômés à garder une curiosité pour le nouveau, l'interdisciplinarité, le collectif, l'ouverture au monde, tout en étant en accord avec ses valeurs. "Et cette énergie pour aborder l’avenir, elle rayonne déjà en vous et au delà de vous. J’ai eu l’occasion de voir quelques-uns de vos parcours extraordinaires et ces valeurs fondamentales que vous portez, avec les prix qui vont vous être remis par l’école juste après. Votre identité de normalienne et de normalien, c’est bien cet appétit pour la nouveauté, pour l’interdisciplinarité, pour la qualité, pour le collectif et pour l’ouverture au monde. Vous avez un bagage exceptionnel à emporter avec vous pour construire un parcours qui vous plaise, qui soit en accord avec vos valeurs et qui vous réalise en tant que personne et en tant que citoyen. Donc vous êtes diplômés aujourd’hui, et c’est le début de votre histoire professionnelle en devenir. Elle sera faite de choix, de rencontres, d’opportunités, mais aussi de contraintes et de hasard."
Les lauréats de la cérémonie
Prix de l’interdisciplinarité au service des enjeux émergents
Fanny LEHMANN, diplômée en mathématiques
Elle a effectué son stage de M1 au CEA TECH de Grenoble pour travailler sur un simulateur de batteries à architecture commutée ou reconfigurable. Puis elle a fait une année ARPE au centre de glaciologie de Bristol sur un autour de la reconstruction du stockage de l’eau terrestre à partir d’un grand nombre de données. Une publication est issue de ses recherches.
Martin BESNIER, diplômé en biologie
Très tôt, il s’intéresse aux problématiques écologiques : "collectivement, nous faisons face à de plus en plus d'enjeux émergents qui pourraient nous mettre en péril. Et c'est l'urgence de ce contexte qui m'a poussée à intégrer l'ENS Paris-Saclay, à la recherche d'une formation me permettant d'avoir le plus d'impact sur ces enjeux." Diplômé du master "Biodiversité, Écologie, Évolution", il a choisi de faire un double cursus avec l’École des Ponts Paris-Tech, pour finir avec le programme Design Innovation ME310 de la d.school Paris.
Son parcours est centré sur l’étude de l’impact des sociétés humaines sur l’environnement et sur le développement de stratégies destinées à le limiter. "Les problèmes auxquels nous faisons face nécessitent une approche interdisciplinaire, afin d'en comprendre les aspects environnementaux, sociaux et économiques. J'ai pu construire ce parcours à l'interface multiple grâce au soutien de l'ENS Paris-Saclay et, en particulier; à celui du l'équipe du Département de biologie. Je suis maintenant biologiste, ingénieur, et designer, mêlant ces disciplines pour pouvoir tenter de comprendre les enjeux émergents dans toute leur nuance. En intégrant l'ENS Paris-Saclay, c'était évidemment pour tenter de résoudre ces enjeux.
En 2022 il fonde, avec Paul GREDIGUI (Saphire, 2017) et Julien VAN ELSLANDER (ICL), la start-up HOLIS qui développe une plateforme "tout-en-un" s'appuyant sur l'analyse de cycle de vie (ACV) pour évaluer, réduire et communiquer l'ensemble des impacts, allant ainsi au-delà du carbone.
"Aujourd'hui, pour induire le changement, j'ai choisi l'entrepreneuriat. Cette voie, je l'ai choisie pour pouvoir rester créatif et surtout agile dans la compréhension des besoins des acteurs et la réponse que je pouvais tenter d'y apporter. En créant Holis, nous avons fait le choix de consacrer chaque jour à l'accompagnement des entreprises, et en particulier celles de l'industrie textile qui représente 4% des impacts mondiaux. Pour y pallier, nous développons avec elles un logiciel pour qu'elles puissent quantifier, améliorer, et communiquer avec rigueur les performances socio environnementales de leurs produits. Et en cherchant à comprendre leurs vrais problèmes, nous parvenons à leur proposer des solutions réellement implémentables, avec des réductions d'impact de l'ordre de 20%. "
Il invite les normaliens à proposer des alternatives et des solutions dont toute la société bénéficiera et de contribuer à résoudre les enjeux émergents. "Certains ont récemment appelé à déserter, à fuir les métiers qui concourraient au développement de notre système économique actuel, afin de ne plus contribuer à l’épuisement des ressources. Je comprends que l'on puisse être découragé, qu'on puisse se sentir dépassé par l'ampleur des problèmes auxquels nous devons faire face. Moi même j'ai eu envie de baisser les bras, de ne plus consacrer mon énergie à tenter de modifier le cours des choses. Mais n'oublions que beaucoup dépendent de ce même système, que beaucoup n'ont et n'auront peut-être jamais le choix de s'en défaire. Alors autant que possible, il nous faut l'améliorer, tenter de le rendre un peu plus vertueux, et ne pas abandonner ceux qui n'ont pas eu la chance de se former pour accéder aux postes où l'on peut faire bouger les lignes. J'en appelle donc à votre courage, mais aussi bien sûr à votre empathie et à votre humilité pour continuer d'avancer et proposer des alternatives et des solutions dont toute la société bénéficiera. Mais soyez aussi conscient que vous n'êtes qu'une personne parmi 8 milliards, alors, autant que possible, écouter et chercher à comprendre celles et ceux dont vous ne connaissez rien. Aujourd'hui, nous avons tous la possibilité de contribuer à notre échelle à résoudre ces enjeux émergents."
Prix de la mobilité internationale
Il récompense un parcours singulier mettant en valeur des expériences internationales variées et riches.
Louise MC CARTHY, agrégée d’anglais
Elle a montré pendant son parcours à l’ENS un intérêt tout particulier pour la mobilité internationale. Elle a effectué une année de mobilité à Fitzwilliam College, Université de Cambridge (Royaume-Uni).
Après avoir brillamment réussi l’agrégation en troisième année, elle est partie à l’Université de Cambridge où elle a été lectrice à Queens’ College. Elle a mis à profit ces diverses mobilités pour manipuler des livres anciens, explorer la littérature médiévale, apprendre à lire l’anglo-normand, participer à des jurys de recrutement, enseigner la traduction littéraire, la linguistique et l’analyse audiovisuelle et s’engager dans de nombreuses associations notamment de débat.
Prix de l’engagement étudiant
Il vient récompenser les initiatives de valorisation, associatives ou citoyennes qui sont essentielles pour la construction d’une personnalité scientifique et citoyenne.
Andrès DURÁN HERNÁNDEZ et Denis WERTH, diplômés en physique
Ils ont participé au projet de site Internet destiné à aider les étudiants et les chercheurs étrangers arrivant en Ile-de-France. Ils sont lauréats des Trophées des étudiants-ambassadeurs 2019/2020 de la région Île-de-France pour leur projet collectif, un site internet répertoriant les différents laboratoires franciliens selon leur discipline afin de simplifier la prise de contact entre les élèves et les chercheurses et les chercheurs. Ils ont été nommés ambassadeurs de la région.
Michèle BREHIER, diplômée en Génie mécanique
Ses initiatives pour promouvoir les Sciences pour l’ingénieure/ingénieur , en particulier sur la question de la mixité, sont nombreuses : vidéo, mini-site, ressources numériques… Elle s’est activement engagée dans la réalisation et l’encadrement d’une exposition autour de la mixité dans le domaine des Sciences pour l’ingénieure et ingénieur proposée lors d’une conférence des professeurs des classes préparatoires Sciences pour l’ingénieure/ingénieur.
"Je suis rentrée à l’ENS en 2016 pour suivre la formation en sciences pour l’ingénieur qu’on appelle ici SAPHIRE. J’ai continué avec un Master 1 en Génie mécanique. C’est lors de ce master que j’ai découvert la recherche. D’abord au travers d’un projet d’immersion en laboratoire qui s’est poursuivi par un stage à la Universidad de Talca au Chili. Au-delà du sujet qui était très intéressant, c’était surtout l’occasion de découvrir enfin ce pays qui me fait rêver depuis des années. J’ai adoré le stage comme le pays, au-delà de mes espérances et de cette période, j’ai pu tirer quelques conclusions : la recherche, c’est définitivement fait pour moi. J’ai poursuivi par un Master 2 Formation à l’Enseignement Supérieur, Parcours Enseignement Supérieur. C’est dans le cadre d’un projet propre à ce parcours, que j’ai commencé à travailler avec Émeline FAUGÈRE, PRAG au DER Génie mécanique, chargée du M2 FESup. Nous avons travaillé ensemble sur la mixité dans les sciences pour l’ingénieur. Et c’est comme ça qu’à commencer une belle aventure autour des problématiques de promotions des Sciences pour l’ingénieur (SPI) et la question de la mixité dans cette filière. D’où la réalisation d’une vidéo « une semaine dans les départements de SPI » qui a vraiment été tournée en une semaine dans les départements des SPI.
J’ai achevé ma scolarité avec le M2 Système complexe et industrie du futur, que j’ai enchaîné par une thèse dans le domaine de la fabrication additive. En parallèle des études, je continue des projets de mixité et d’intégration des femmes dans les sciences, en animant notamment des écoles d’été organisées par l’université Paris-Saclay, auprès de collégiennes et lycéennes pour leur faire découvrir les sciences de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. Une partie de ces écoles d’été seront accueillis cette année dans les locaux de l’ENS Paris-Saclay.
Passionnée de mécanique, J’ai vraiment trouvé mon compte dans le cursus proposé par l’école. Mais si j’ai vraiment pu m’épanouir dans ma scolarité, tout ce que j’ai pu faire à côté, et dont je viens brièvement de vous parler, c’est grâce à Émeline FAUGÈRE que je remercie tout particulièrement."
Prix de l’innovation dans les pratiques pédagogiques
Sam PERROCHON, diplômé du département en Électronique, Électrotechnique et Automatique (Nikola Tesla)
Dans le cadre de l’activité "Diffusion des savoirs", il a réalisé une vidéo "Utilisation d'algorithmes pour la détection précoce des Troubles du spectre de l'Autisme (TSA) chez l'enfant" portant sur les recherches qu’il a menées ,durant son année d’ARPE, à Duke University. Elle est disponible sur le site Internet « Culture Sciences de l'Ingénieur » d’Éduscol à destination d’un large public, notamment, des enseignants du secondaire.
En 2022, il a démarré une thèse au sein du Centre Borelli à l’ENS Paris-Saclay.
Noémie SCHIFANO, diplômée en Génie civil
Passionnée par la recherche, Noémie Schifano a déjà eu deux expériences internationales pendant sa formation : la Grande Bretagne et l’Italie. Ses sujets d’intérêt et de recherche sont centrés sur le climat et le développement durable. Elle a toujours eu à cœur de diffuser ses travaux à un public large.
Et, à l’issue de son année ARPE à Southampton,
Noémie Schifano a produit 3 articles Éduscol sur la formation des eaux profondes en Antarctique.
- "Formation des eaux profondes en Antarctique - Partie I : Culture générale"
- "Formation des eaux profondes en Antarctique - Partie II : Méthodes et outils"
- "Formation des eaux profondes en Antarctique - Partie III : Résultats"
"J’ai fait ce projet durant ma ARPE à Southampton l’année dernière. Je me suis ré-orientée durant mes études : j’ai d’abord fait ma première année en Sciences de l’ingénieur (formation SAPHIRE), puis un master 1 en Génie Civil en construction durable, pour, finalement, faire mon master 2 en océanographie physique. En passant du génie civil à l’océanographie physique, j’ai trouvé dur d’assimiler toute la culture générale de mon nouveau domaine. J’ai donc eu l’idée de faire une BD/document imagé présentant mes travaux de recherche autour de l’Antarctique. Le but était aussi de présenter à des personnes d’autres domaines les grands principes de l’océanographie, mais aussi les grands phénomènes physiques qui régissent le climat de la Terre. En effet, l’océan est le régulateur thermique de la Terre, et pourtant peu de personnes le savent. En tant que futurs chercheurs et chercheuses, il faut être capable de rendre nos travails accessibles pour toucher plus de monde, et l’art est une façon d’y parvenir.
Je compte, pendant ma carrière, continuer à lier art et sciences. Pour revenir sur mon expérience à l’ENS, là où j’ai le plus appris est sur la pelouse du terrain de rugby. J'ai rencontré des filles des autres départements, et notamment des sciences sociales. Elles m’ont permis de m’ouvrir l’esprit sur des enjeux sociétaux et politiques et je comprends aujourd’hui mieux la société dans laquelle on vit grâce à elles. Que ce soit dans mes activités professionnelles ou sportives, j'ai toujours évolué dans des milieux majoritairement masculins, et c’est le dernier point dont j’aimerai parler. Quand je suis arrivée à l’ENS sur dossier, j’ai entendu d’autres élèves me dire que j’avais été sélectionnée parce que je suis une femme et que l’École a des quotas à respecter. J’aimerai que ces milieux se féminisent et que les mentalités changent, pour que les futures générations n’aient pas à se sentir illégitimes dans leur choix de carrière et dans leur choix sportif. J’aurai aimé avoir plus des modèles féminins à qui m’identifier pendant mes études, et j’espère pouvoir en devenir un jour."
Prix d’excellence en recherche
Bastien LABOUREIX, diplômé en informatique
Il a suivi le parcours Enseignement avec un stage à Stuttgart. Ses recherches lui ont déjà valu un prix lors d’une conférence internationale. Il est également impliqué dans la vie du département avec l’organisation du séminaire recherche à destination des élèves.
"Je suis originaire de Reims et j’ai fait ma prépa au lycée Poincaré de Nancy. J’ai intégré l'ENS Paris-Saclay, alors nommée ENS Cachan, en 2017 au département informatique.
Très attiré par les maths et l'informatique fondamentale, j'ai suivi ma License 3 et mon Master 1 au département informatique en rajoutant plein de cours de maths à côté. J'ai ensuite passé l'agrégation de maths, option informatique en 3e année, avant de faire mon Master 2 recherche à Paris Diderot. Je suis maintenant en thèse, au LORIA à Nancy, sur un sujet qui mêle mathématiques et informatique. Le département informatique a toujours été très présent pour ses élèves. On s'y sent comme dans une grande famille car les professeurs sont très proches de nous. En discutant de divers sujets avec des chercheurs, je me suis rendu compte que nous avions une bonne culture générale en info/maths, ce qui nous permet de comprendre les rudiments d'un domaine de recherche, sans forcément être spécialiste. Au niveau de la vie étudiante, j'ai fait partie du Bureau des loisirs, chargé d'organiser des événements ludiques. Nous avons ainsi pu organiser les Interludes dites de Cachulm, un événement InterENS avec des jeux de société pendant 2 jours et 300 personnes. C'était une très bonne expérience. J'ai également été élu étudiant et délégué, où j'ai découvert les rouages de l'administration de l'ENS. Enfin, je me suis investi au GIPENS (Groupe d'Intérêts Pédagogiques de l'ENS) où j'ai pu en apprendre beaucoup sur la pédagogie. Je souhaiterais devenir professeur en classes prépa car j'ai toujours voulu enseigner ! L'ENS Paris-Saclay est pour cela une très bonne formation, notamment via sa préparation à l’agrégation de très bonne qualité. J'ai également pu acquérir un bon niveau en maths/info grâce à des cours communs entre ces 2 départements. Ils forment les deux faces d'une même pièce et nous avons la chance de pouvoir explorer les deux. "
Florian DORCHIES, diplômé en chimie
Il a fait une année ARPE à l’ICIQ, à Tarragone et un stage à Cambridge qui lui a permis de produire une publication en 2020 dans le Green Chemistry : « Photoreforming of food waste into value-added products over visible-light absorbing catalyst ». Actuellement, il fait une thèse au Collège de France, dans le groupe de Jean-Marie TARASCON, un expert mondialement reconnu dans le domaine des batteries.
"Je voudrais tle Département de Chimie pour m’avoir accepté en tant qu’étudiant normalien une fois le résultat des oraux connu. Ça a changé beaucoup de choses pour moi, d’un point de vue scientifique mais aussi humain car j’ai rencontré des personnes vraiment extraordinaires et c’est sûrement la plus grande fierté de ma scolarité à l’École. Nous avions la chance, grâce à ces stages en immersion, de passer un jour par semaine en première année dans un laboratoire de l’École sous la direction d’un chercheur ou d’une chercheuse. Ces stages ont pour seul et unique but de découvrir le monde de la recherche et cela a été particulièrement enrichissant pour moi car j’ai intégré l’École avec le souhait de devenir chercheur par la suite. Quand on entre en 1ère année, on ne connaît quasiment rien de notre domaine et en particulier d’un point de vue expérimental donc ce stage a vraiment été instructif et valorisant pour moi d’autant plus que Gilles Clavier du laboratoire PPSM m’a fait confiance tout au long de ce stage. Je voudrais également remercier l’École pour avoir mis en place le parcours ARPE qui nous offre la possibilité de partir 9 mois à l’étranger pour faire de la recherche. Je suis parti à l’ICIQ à Tarragone en Espagne dans le groupe d’Antoni Llobet où j’ai pu faire de la recherche de très haut niveau et rencontrer des personnes géniales. J’en garde un excellent souvenir malgré le confinement de 7 semaines que j’avais choisi de faire à Tarragone pour pouvoir continuer mon projet de recherche une fois le confinement terminé. Enfin, je suis aussi redevable à l’École pour ma poursuite en doctorat puisque je suis actuellement en 1ère année de thèse au Collège de France sous la direction d’Alexis GRIMAUD grâce à une bourse de Contrats doctoraux spécifiques normaliens (CDSN)."
Prix spécial du jury
Il récompense un parcours remarquable et son engagement au sein de l’École.
Quentin LAURENT, diplômé en Génie civil et environnement (GCE)
Délégué durant toutes ses années de formation à l’ENS Paris-Saclay, il a su mêler un engagement associatif et électif intense avec le suivi de ses cours et a toujours montré une image positive et dynamique de l’École à travers de nombreuses interventions : Campus Channel le 30 mai 2018 avec M. Pierre-Paul ZALIO, interview pour ‘Le Point’ en 2020... Il a été également Grand électeur pour le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) et bénévole à la Croix rouge.
"J’ai été élève à l’École normale supérieure Paris-Saclay de septembre 2017 jusqu’à août 2021. J’ai choisi de suivre le chemin de la formation SAPHIRE (Sciences appliquées à la physique et l’ingénierie pour la recherche et l’enseignement)." Lors de cette première année, il un article "Pont suspendu : le Golden Gate Bridge", encadré par Sophie Capdevielle, maintenant enseignante à Grenoble, publié sur le site Culture Sciences de l'Ingénieur (Éduscol). Il poursuit ses études au sein du département Génie civil et environnement. "Je me suis ensuite orienté vers le domaine du bâtiment au sein du département génie civil et environnement avec un master 1 « Matériaux et structures ». Cette première année s’est conclue par un stage de 3 mois à Polytechnique Montréal où j’ai pu étudier le béton de façon numérique. Cette expérience de recherche à l’étranger fut vraiment top ! J’ai poursuivi ma formation avec un parcours "Enseignement" (M2FeSup). J’ai préparé l’agrégation de sciences industrielles, option ingénierie des constructions. Il s’agit d’un master, plus orienté ingénierie que recherche, durant lequel on balaie tous les domaines de l’ingénierie de la construction : de la structure du bâtiment jusqu’aux équipements qui garantissent de confort et la "bonne" santé des occupants. Cela m’a donc permis d’avoir une belle vue d’ensemble du génie civil et de découvrir des domaines que je connaissais moins. Le fait de découvrir de nouveaux domaines du génie civil lors du M2FeSup m’a poussé à quitter la structure et les matériaux et partir vers des aspects plus environnementaux & confort des occupants. J’ai postulé pour un master 2 à vocation recherche à Sorbonne Université au campus de Jussieu sur la thématique des bâtiments zéro énergie. Ce master « Énergétique et environnement » a donc marqué ma quatrième et dernière année en tant que normalien élève à l’ENS Paris-Saclay.
En 2022, je suis finalement parti vers une thèse au sein de Centre Efficacité énergétique des systèmes des Mines de Paris.
Il précise aussi la richesse de la vie associative au sein de l'Ecole. "J’ai vécu plein de choses à l’ENS Paris-Saclay : que ce soit dans ma formation ou alors dans la vie étudiante associative. Je ne suis pas du genre après à faire des classements pour pouvoir sortir L’ANECDOTE de mes 4 ans à l’ENS ! Il y a eu de beaux moments d’apprentissage, de galères lors de projet, des rigolades, des travaux pratiques où on fabrique puis on casse des poutres en béton après avoir calculé leur résistance maximale, … des moments à l’étranger aussi dans un pays que j’affectionne particulièrement. Et puis de beaux projets dans la vie associative : réalisation de la plaquette alpha de l’école qui présentait les associations, organisation de nombreux événements dont la grande soirée annuelle « La Nuit aNormale » en 2019, … Bref, des faits marquants il y en a eu ! Chacun s’investit à sa façon tant il y a de clubs et associations ouverts à tous, sans condition. Pas de castings ou d’entretiens à passer. Juste pousser la porte et c’est parti.
Personnellement, j’en garde un bon souvenir. Je ne vais pas m’amuser à énumérer tout ce que j’ai pu y vivre mais je ne me suis pas ennuyé. Plein d’activités et surtout, toujours en mouvement.
Quand on veut prendre des fonctions à responsabilités, on peut ! Et quand on veut faire bouger les choses, les faire avancer, on peut aussi ! Il y a aussi des engagements électifs, dans les rouages de l’école qui sont intéressant. Alors parfois, ça peut être frustrant car on voudrait faire plus, être davantage écoutés mais déjà, les étudiants peuvent être impliqués et discuter pour faire vivre l’école et la faire évoluer ! Il faut oser s’impliquer et se lancer. Je vois souvent que l’engagement est compliqué, on n’ose pas forcément et on reste dans une attitude plutôt de « receveur », presque de « consommateur ». De ce que j’ai pu vivre, je ne peux qu’inviter tout le monde à oser s’engager, prendre des responsabilités. Cela peut parfois être lourd, parfois épuisant, … mais c’est aussi intéressant et riche en apprentissage, en rencontre, en défis à accomplir !
Après sa thèse, Quentin souhaite s'investir dans des postes pour "changer les choses, de les améliorer, de les faire avancer. Tenter de relever les défis que le monde lance et tenter de concilier mille et un aspects. J’ai beau me dire que l’engagement et les responsabilités fatiguent et que je vivrai bien une vie paisible, à un poste tranquille sans pression, … mais en même temps je n’arrive pas à m’imaginer sans la possibilité de faire des choses et d’assumer les choix que l’on peut faire. En tout cas, ce que j’ai envie de conserver, voire d’intensifier, c’est une capacité à écouter et à discuter avec tous. Avec des personnes avec qui je suis d’accord ou non. Si dans 10 ans je me vois avec des responsabilités de haut niveau, j’ai envie que cela se fasse en connexion avec les personnes et le monde qui m’entoure. Et comme projet d’avenir : être heureux et accompli ?! Et si possible, toujours en vie et pas trop fatigué, dans un monde où on n’aurait pas tout détruit.
Un dernier petit mot pour les admissibles, pour leur donner envie d'intégrer l'ENS Paris-Saclay ?
Il faut encore dire des choses pour donner envie ? Faire le choix de l’école n’est pas toujours évident et il y aura des moments où vous pourrez être amenés à regretter… Je sais bien que cela n’est pas motivant mais réaliste. Je pense que c’est le cas quelque soit l’école. À l’ENS Paris-Saclay, vous partirez dans un cursus axé vers la recherche et l’enseignement, dans une thématique précise. Il faut en être conscient. Ce n’est pas une formation généraliste. On n’a pas de cours de management, de gestion d’équipe, de micro ou macro-économie (sauf si vous allez dans le département dédié) !Si la recherche et l’enseignement de haut niveau scientifique et aussi littéraire suivant les départements vous intéresse : foncez ! Vous serez ravis et vous allez vous épanouir. On peut aussi être surpris car le monde de la recherche est souvent inconnu : qui sait ce qui se passe dans les laboratoires de recherche, de tous les domaines ? À l’ENS Paris-Saclay, vous le découvrirez !
- Si c’est la vie étudiante qui vous inquiète, ne doutez pas : vous y trouverez votre compte ou vous le créerez !
- Si c’est la distance de Paris qui vous inquiète, de nouveaux moyens de transport arrivent (un jour) et sinon, dites-vous que CentraleSupélec, Polytechnique, SupOptique, … ce n’est pas mieux ! Tout le monde est côte à côte à présent.
Alors prenez le temps, discutez, échangez, observez, réfléchissez ! Je suis persuadé que vous ferez le bon choix ! Et surtout, pour le moment, à fond dans les concours : on peut intégrer l’ENS Paris-Saclay et finir en thèse aux Mines de Paris en foirant totalement certaines épreuves ! Restez motivés !