Jonathan PIARD, "membre distingué Junior" de la Société Chimique de France
Portrait d'un Professeur agrégé (PrAg) très engagé à l'École !
Jonathan PIARD est Professeur agrégé (PrAg) au département de chimie de l'ENS Paris-Saclay
Portrait
Quel est votre parcours ?
Après deux années de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) au Lycée Charlemagne (Paris), j'ai souhaité intégrer le Magistère de Physico-chimie Moléculaire de l'Université Paris-Saclay (anciennement Paris-Sud). Mon choix était motivé par ma volonté de devenir enseignant et de réussir le concours de l'agrégation, et j'avais entendu dire que cette formation constituait la meilleure préparation pour atteindre cet objectif. Suite à ma candidature, j'ai été admis et ai effectué mes années de Licence 3 et Master 1 en chimie à l'Université Paris-Saclay.
Par la suite, en 2006, j'ai réussi l'agrégation, et la même année, j'ai été admis en tant que normalien à l'issue du concours 2ème année".
J'ai poursuivi avec un Master 2 en chimie inorganique et ma première année de thèse au sein du laboratoire PPSM (ENS Paris-Saclay).
À la fin de mes trois années de thèse (2009-2011), j'ai obtenu un poste de Professeur agrégé (PrAg) au département de chimie de l'ENS Paris-Saclay, poste que j'occupe toujours à ce jour.
Vous êtes très engagé auprès des élèves pour les projets de la diffusion des savoirs ? Quelles sont vos activités au sein de l'école ? Pourquoi une si forte implication ?
Depuis la fin de ma thèse, partager la science, en particulier la chimie, avec le grand public m'a toujours beaucoup plu. J'aime montrer la beauté de la science, notamment à travers les thèmes de la couleur et de la fluorescence, sujets de ma thèse. Mon objectif est de rendre la science accessible à tous, en essayant de lever le voile sur cet univers parfois perçu comme complexe.
Au fil du temps, après avoir animé de nombreuses présentations ou ateliers, j'ai souhaité donner l'opportunité aux étudiant.es de prendre la parole à ma place. Depuis trois ans, ils sont devenus les acteurs principaux d'ateliers de vulgarisation mis en place dans le cadre de leur formation (L3), ce qui prend tout son sens, surtout pour ceux qui aspirent à devenir enseignant.es. Outre cette unité d'enseignement de projet que je coordonne avec une collègue de l'Université Paris-Saclay, je suis également responsable de la première année du diplôme et chargé de mission "lien formation-recherche" au DER chimie. Je suis finalement coordinateur des activités de diffusion et co-coordinateur du GIPENS (groupe d'initiatives pédagogiques de l'ENS Paris-Saclay) au sein de l'ENS Paris-Saclay. Je m'implique énormément auprès des étudiant.es car j'aime mon métier :)...et que je considère celui-ci comme important pour faire évoluer notre société. Nous formons les chercheurs, chercheuses, enseignants, enseignantes et plus généralement les scientifiques et citoyen.nes de demain. Nous avons donc une responsabilité, celle de les former au mieux de nos capacités et de leur inculquer et leur transmettre tout ce que nous savons pour qu'ils ou elles puissent suivre leur propre chemin.
Vous organisez l'école d'été à l'ENS Paris-Saclay ? Pourquoi et en quoi cela consiste-t-il ?
En effet, je suis également coordinateur de l'école d'été à l'ENS Paris-Saclay. Dans le cadre de son plan "égalité des chances" l'ENS Paris-Saclay met en place chaque année une "école d’été" sur le thème "Raconte-moi la recherche" à destination de 12-15 lycéens et lycéennes issus d'établissements partenaires du dispositif.
Durant presque une semaine, un binôme lycéenne-lycéen est associé à un doctorant qui aurait pour mission de l’associer à des expériences, des séminaires, des visites de laboratoire, réunions d'équipe, travaux de terrain etc.
L'objectif est clair, faire découvrir le monde de la recherche et donner envie de réaliser des études supérieures à de jeunes élèves pas ou peu sensibilisé.es.
Vous menez de nombreux ateliers de chimie après du jeune public, notamment dans les hôpitaux ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, comme je l'ai souligné précédemment, ma passion pour la vulgarisation scientifique, en particulier dans le domaine de la chimie, est indéniable. La chimie étant une discipline expérimentale, j'ai rapidement souhaité de concevoir des ateliers accessibles au grand public, mettant en œuvre des expériences pratiques. Afin de garantir la participation de tous, j'ai veillé à n'utiliser que des produits non toxiques du quotidien, permettant ainsi à chacun de s'impliquer pleinement dans les expériences et de mieux intégrer les concepts scientifiques dans leur vie quotidienne.
J'ai développé des kits d'expériences que j'ai rendus mobiles, afin de pouvoir les présenter dans des endroits où la science, en particulier les expériences, est peu présente. Mes réflexions m'ont naturellement conduit vers les hôpitaux, et j'ai établi des partenariats avec des établissements tels que l'hôpital Necker, l'hôpital du Kremlin-Bicêtre et l'Institut Gustave Roussy. J'ai réalisé de nombreuses interventions pour peaufiner ces ateliers, tester les expériences, et ensuite offrir aux étudiants l'opportunité de les mettre en œuvre à leur tour.
En 2024, vous avez reçu le titre de « Membre Distingué Junior » de la Société Chimique de France pour l'année 2023. En quoi consiste ce prix et l'association "La Société Chimique de France" ?
La Société Chimique de France (SCF) est une organisation scientifique française fondée en 1857. Il s'agit de la plus ancienne société chimique du monde. La SCF a pour mission de promouvoir la recherche en chimie, de favoriser les échanges entre les chercheurs, les enseignants et les industriels, ainsi que de contribuer à la diffusion des connaissances dans le domaine de la chimie.
Pour un enseignant, l'obtention de ce titre est réservée à un membre de la SCF âgé de moins de 45 ans, ayant marqué par une contribution significative dans le domaine de l'enseignement de la chimie ou de sa diffusion. Je présume que cela vient récompenser mon engagement continu dans la diffusion des connaissances, tant dans le cadre de l'enseignement que de la vulgarisation scientifique. J'ai eu l'occasion d'écrire de nombreux articles destinés aux enseignants, de rédiger plusieurs ouvrages, et d'être honoré de deux prix de la médiation scientifique (SCF - Île de France). Cela renforce ma conviction que la communication et la transmission du savoir occupent une place cruciale dans ma carrière.
Quels sont vos projets avenir ?
À l'avenir, je souhaite poursuivre le développement d'expériences utilisant des produits du quotidien, mais cette fois-ci non seulement pour le grand public, mais également pour l'enseignement supérieur, allant de la Licence 1 au Master 2. Cette année, bénéficiant d'un congé, je m'attèle à trouver des expériences peu toxiques, abordables, illustratives, facilement réalisables et durables, tout en utilisant des produits du quotidien.
De nouvelles formes de diffusion du savoir
Parallèlement, mon intérêt croissant pour la médiation scientifique m'amène à explorer de nouvelles formes de diffusion du savoir, au-delà de la vulgarisation scientifique. À titre d'exemple, j'ai récemment initié et coordonné une exposition sur la luminescence, réalisée par des étudiants de l'École Estienne et du DER chimie (L3), du 7 au 26 février 2024 au LUMEN.
Des collaborations potentielles avec la Scène de Recherche
En envisageant l'avenir, j'envisage des collaborations potentielles avec la Scène de Recherche pour concevoir des dispositifs physiques, des pièces de théâtre ou des performances artistiques en lien avec la chimie.
Des projets sur la pédagogie, la didactique et les sciences de l'éducation
En ce qui concerne mes activités au sein de l'ENS Paris-Saclay, je réalise de plus en plus que ma passion réside davantage dans l'enseignement que dans la chimie elle-même. Mon intérêt grandissant pour la pédagogie, la didactique et les sciences de l'éducation me conduit à croire que l'avenir de notre profession réside dans ces domaines. Il devient urgent de former les futur.es enseignant.es sur ces questions afin d'améliorer la qualité de l'enseignement pour les élèves et les étudiants.
Au sein de l'ENS, cela implique également de renforcer le lien entre la formation et la recherche, ainsi que de réfléchir à la mise en place d'activités pédagogiques favorisant cette connexion. C'est un aspect sur lequel je travaille activement au sein du DER chimie, et je prévois d'y consacrer encore plus d'efforts à l'avenir, espérant peut-être qu'un jour un laboratoire de pédagogie universitaire verra le jour à l'ENS Paris-Saclay ou à l'Université Paris-Saclay.