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Prix Ackermann 2024 : deux normaliens lauréats

Gaëtan Douéneau-Tabot et Aliaume Lopez
Le prix Ackermann est un prix de thèse accordé par l'European Association for Computer Science Logic pour une thèse exceptionnelle soutenue pendant l'année sur un sujet de logique pour l'informatique.
En 2024, le prix Ackermann a été accordé exæquo à deux diplômés normaliens du département Informatique (promotion 2015). Toutes nos félicitions !

Le prix Ackerman 2024

Ce prix porte le nom du mathématicien et logicien allemand Wilhelm Ackermann connu pour sa contribution à la logique mathématique et la fonction d'Ackermann.
En 2024, le prix Ackermann de l'European Association for Computer Science Logic a été accordé exæquo à Gaëtan Douéneau-Tabot et Aliaume Lopez.

Gaëtan Douéneau-Tabot

Gaëtan Douéneau-Tabot a intégré l’ENS Paris-Saclay en 2015. «J’y ai construit une formation entre mathématiques et informatique, dans la continuité du parcours maths-info proposé en 1ère année. J’ai notamment passé l’agrégation de mathématiques option informatique (qui a maintenant disparu puisqu’une agrégation propre à l’informatique a été créée). En dernière année, j’ai suivi le Master parisien de recherche en informatique (MPRI), le master français le plus connu dans les domaines de l'informatique fondamentale et de cryptographie.»
À l’issue de sa scolarité à l’ENS Paris-Saclay, il a intégré le corps des Ingénieurs de l’Armement via le concours externe.
Il réalise sa thèse Optimization of string transducers à l’Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF) de l’Université Paris Cité, sous la direction d’Olivier Carton et d’Emmanuel Filiot. Il a présentée et soutenue publiquement sa thèse le 23 novembre 2023.

Dans ses travaux de recherche, il s'est intéressé à certains programmes informatiques particuliers appelés "transducteurs". Ces programmes ont la particularité d’avoir un espace mémoire très limité pour effectuer leurs calculs. Ils sont utilisés dans de nombreux domaines où la mémoire est une ressource rare, comme le traitement temps-réel de données ou les systèmes embarqués (automates industriels, satellites, etc.). Dans ce contexte, il peut être crucial de minimiser les ressources consommées (mémoire ou temps d’exécution) par un programme. Ses résultats développent donc des méthodes pour les optimiser : «étant donné un programme, on veut construire automatiquement le programme le plus efficace possible (par exemple, celui qui s’exécute le plus rapidement) qui réalise la même tâche. Pour ce faire, j'ai construit une véritable boîte à outils de techniques d’optimisation, en démontrant du même coup des résultats théoriques liés à l'algèbre et à la logique mathématique.»

Il obtient en 2024 le prix Ackermann.
« Je suis très heureux de recevoir le prix de thèse Ackermann. Je considère cette récompense comme un gage de qualité sur mes travaux de recherche, mais surtout comme quelque chose à partager avec mes deux directeurs de thèse, sans qui rien n’aurait été possible. Ils ont toujours été disponibles pour moi, et m’ont donné de précieux conseils et idées, à la fois lorsque tout allait bien, mais aussi lors des moments plus difficiles. Je pense aussi aux personnes avec qui j’ai pu échanger et faire de la recherche, dont mon co-lauréat Aliaume Lopez, que je connais très bien et avec qui c’est toujours un plaisir de travailler.»

Aliaume Lopez


© Aliaume Lopez in CeNT Warsaw 2024 by Omid Yaghoubi is licensed under CC BY-SA 4.0.
 

Sa thèse First Order Preservation Theorems in Finite Model Theory : Locality, Topology, and Limit Constructions est dirigée par Jean Goubault-Larrecq (Université Paris-Saclay, ENS Paris-Saclay, LMF) et Sylvain Schmitz (Université Paris-Cité, IRIF).
« Dans ce domaine relativement vaste, je me suis intéressé plus précisément aux liens entre la théorie des modèles finis et la vérification de systèmes infinis, deux domaines très abstraits, mais qui ont des applications concrètes en informatique : d’une part la théorie des modèles finis est un outil puissant pour comprendre les bases de données, le cœur battant des outils numériques qui rythment nos vies modernes (moteurs de recherche, réseaux sociaux, intelligence artificielle, etc.) ; D’autre part la vérification de systèmes, ou plus généralement ce que l’on peut nommer les méthodes formelles est un champ de recherche qui vise à développer des outils pour garantir la fiabilité des systèmes informatiques (trains, lignes automatisées de métro, etc.).
Un point d’intersection de ces deux domaines est une collection de théorèmes dits de préservation, et c’est sur ces théorèmes que j’ai travaillé durant ma thèse, d’où le titre baroque “Théorèmes de préservation du premier ordre en théorie des modèles finis : localité, topologie et constructions limites”, qui résume assez bien mes travaux faisant le pont entre la logique (informatique) et la topologie (mathématique).
»

Il obtient en 2024 le prix Ackermann.
« Recevoir le prix Ackermann 2024 est pour moi très important car c’est une reconnaissance de mon travail et de mes compétences, mais aussi de l’intérêt porté par la communauté scientifique à des domaines très théoriques qui sont moins en vogue que, par exemple, l’apprentissage automatique ou l’informatique quantique. Le fait que mon co-lauréat, Gaëtan Douéneau-Tabot, soit également un camarade de promotion est pour moi une fierté supplémentaire, illustrant s’il le fallait la qualité de la formation dispensée à l’ENS Paris-Saclay.
Ce prix est aussi une occasion pour saluer de nouveau mes deux directeurs de thèse Jean-Goubault Larrecq et Sylvain Schmitz, qui, et je m’en rends compte un peu plus chaque jour, on été des guides exceptionnels tant sur le plan humain que scientifique. Je tiens aussi à remercier Gaëtan, mon co-lauréat, pour sa collaboration et son amitié, qui m’ont ouvert de nouveaux horizons et fait découvrir des domaines de recherche passionnants en théorie des automates.
»