Élise Lorenceau

Chercheuse au CNRS

Être une femme dans une discipline (la mécanique et la physique pour moi) où celles-ci sont sous-représentées m’a plutôt aidée dans ma carrière. Je pense que plusieurs fois cela a fait pencher la balance du bon côté : à dossier égal, on se souvient mieux d’une femme que d’un homme si celles-ci sont en minorité et consciemment ou pas, cela peut influencer un jury.

Vos activités

Être chercheur au CNRS a de nombreux avantages : souplesse de choisir ses méthodes de prospection, ses collaborateurs, d’enseigner, de travailler avec des industriels, d’organiser des conférences, de participer au développement de start-ups ou à la gestion des organismes de recherche. Je profite pleinement de cette souplesse et fais à la fois de la recherche fondamentale au laboratoire, de la recherche avec des industriels et de l’enseignement dans une grande école.
Bien sûr, tout n’est pas parfait : les chercheurs passent de plus en plus de temps dans des instances administratives liées à la réorganisation continuelle du paysage de la recherche en France, à chercher de l’argent ou à écrire des projets qui ne seront pas financés.

Votre vécu en tant que femme

Quand les politiques paritaires sont contre-productives

Bien souvent, ce ne sont pas les acteurs de la communauté scientifique qui instaurent les inégalités homme-femme mais plutôt les instances administratives et les politiques. Par exemple, exiger la parité dans des jurys d’instance administrative ou scientifique (comme les jurys de thèse ou les jurys de sélection) alors que les femmes sont sous-représentées est contre-productif. Les femmes se trouvent alors sur-sollicitées, ce qui est dommageable à plusieurs titres. Tout d’abord, elles ont moins de temps pour faire de la recherche que leurs collègues masculins car siéger dans ce type d’instance peut prendre beaucoup de temps. Ensuite, comme elles ne sont pas sélectionnées sur des critères de compétence dans un domaine de recherche mais sur des critères de genre, elles peuvent se retrouver moins qualifiées que leurs homologues masculins sur les sujets discutés ce qui est très préjudiciable pour la communauté scientifique féminine !

Parcours

Depuis 2016 Directrice de recherche CNRS au LIPhy (Laboratoire Interdisciplinaire de Physique) - CNRS et Université Grenoble-Alpes
2010-2019 Professeure chargée de cours à l’École Polytechnique
2015-2016 Professeure invitée à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse)2003-2004 Post-doctorat à l’Université d’Harvard 2000-2003 Doctorat de l’Université Paris VI – Laboratoire de Physique des Fluides Organisés du Collège de France et du CNRS.
1999 Agrégation de Physique
1996 Admission à l’ENS Cachan - département de Physique

Faits et chiffres

2010 Lauréate de la médaille de bronze du CNRS
59 articles publiés dans des revues à comité de lecture
Membre de 64 jurys de thèse ou HDR

Crédits illustration : Jérôme Foubert