Loïc Bertrand

Loïc Bertrand

Physico-chimiste, membre du laboratoire Photophysique et photochimie supramoléculaires et macromoléculaires (PPSM), spécialiste de l'étude par imagerie spectrale des matériaux anciens et patrimoniaux

Loïc Bertrand est physico-chimiste au laboratoire Photophysique et photochimie supramoléculaires et macromoléculaires (PPSM) de l'ENS Paris-Saclay. Il étudie les propriétés de matériaux anciens par micro-imagerie et révèle ainsi les secrets inédits de certains objets du patrimoine.

Parcours

Loïc Bertrand, docteur en chimie et physico-chimiste au PPSM (ENS Paris-Saclay/CNRS), a fondé le laboratoire IPANEMA qu’il a dirigé de 2010 à 2019 avant de rejoindre l’Université Paris-Saclay et le PPSM. Il enseigne à l’ENS Paris-Saclay et dans le cadre d’un projet mené avec l’ENSCI-Les Ateliers.

Il coordonne le DIM* Patrimoines matériels – innovation, expérimentation et résilience (PAMIR), labellisé depuis le 16 février 2022 par la Région Île-de-France. Ce Domaine d’intérêt majeur sur les matériaux anciens et patrimoniaux regroupe une centaine de laboratoires et institutions patrimoniales et un millier de scientifiques.

Les travaux de Loïc Bertrand portent notamment sur les processus d’altération à long terme et la préservation exceptionnelle de restes biologiques et de matériaux archéologiques, les techniques de fabrication et l'origine des matériaux employés dans le passé, et sur le développement de méthodologies d’imagerie associées.

Il a publié de nombreux articles.

En quoi consiste votre recherche sur les matériaux anciens ?

"L’étude des matériaux anciens et du patrimoine fournisse des informations historiques essentielles. Les matériaux anciens ont pour caractéristique d’associer hétérogénéité et régularité, altérabilité et durabilité, singularité et représentativité. Nous sommes devant des systèmes dont l’altération ne peut être négligée. Même un objet exceptionnellement préservé montre des marques d’altération formées au cours du temps. D’un autre côté, si on les étudie, c’est parce qu’il y a des informations qui ont été préservées sous une forme altérée et que l’on cherche à reconstruire en étudiant leur forme, leur composition, et souvent l’association entre forme et composition.

Ces recherches nous invitent à revisiter les frontières entre sciences humaines, sciences sociales et sciences expérimentales. Par les ponts créés entre art et science, entre nature et culture, entre matériel et immatériel, entre passé et futur, ils conduisent à de nouvelles formes de recherche et d’organisation de la recherche, où l’hétérogénéité, l’altérité et la singularité constituent autant de paramètres d’entrée.
Les propriétés des matériaux anciens stimulent le développement de méthodologies originales entre sciences des matériaux, sciences des données et sciences de l’environnement."

Quelles sont selon vous les nouvelles directions de recherche prometteuses dans ce domaine ?

"J’attends beaucoup du rapprochement de l’instrumentation physique et des mathématiques. Avoir des approches mathématiques qui permettent de tirer le maximum d’informations de ces matériaux est un véritable enjeu. Quand on étudie ces matériaux, on peut se poser la question suivante : quelle est la part d’information que l’on n’arrive pas à lire dans nos systèmes mais qui est là, voire ce qui n’est pas connu et dont on ne sait même pas qu’il existe ? Une des voies d’approche serait de se redonner des capacités d’exploration et d’élargissement des méthodes d’expérimentation.

Ceci soulève la question essentielle à mes yeux de la formation des jeunes étudiants à l’exploration de matériaux complexes, ce que nous travaillons dans le cadre d’enseignements mis en place depuis la rentrée 2021 à l’ENS Paris-Saclay, en partenariat avec la Graduate School Humanités et Sciences du Patrimoine de l’Université Paris-Saclay, et de projets menés avec l’ENSCI – Les Ateliers."

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